Les affiches de Pesaro

Nous initions la nouvelle rubrique Intérêt public avec un travail que nous nous remémorons fréquemment. Il s'agit de la collaboration très vivante et très longue entre un graphiste, Massimo Dolcini, et une ville, Pesaro en Italie. Cette initiative dans le champs de la commande publique semble aujourd'hui encore extraordinaire. Ainsi, à notre avis, elle reste un très pertinent exemple d'une création graphique et politique.
Ce travail est décrit dans le catalogue de l'exposition Images d'utilité publique (1988, Centre Georges Pompidou), ouvrage collectif que nous avons beaucoup cité dans notre mémoire. Un grand merci à Marsha Emanuel pour nous avoir offert ce catalogue (également disponible à la bibliothèque de l'Ensad).



«À Pesaro, le centre de consultation familiale est situé au 32 via Nitti», 1978.


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Voilà une partie du texte de Gianfranco Mariotti qui accompagne les affiches:

Pesaro est une ville moyenne de 100.000 habitants. En 1971, la municipalité de gauche ressent la nécessité d'établir un nouveau rapport entre gouvernants et gouvernés, exigence née de la vague des mouvements de 1968.
Les objectifs ne sont pas encore formulés avec précision mais le désir de communiquer avec tous les citoyens quels qu'ils soient s'impose et se traduit par l'organisation d'un service de presse et de relations publiques qui introduit un rapport continu et cohérent entre l'activité et l'administration communale et les citoyens.

Massimo Dolcini est choisi comme consultant-graphiste sur la base d'une affinité idéologique et amicale. Dans son travail qui relève à la fois de l(agent de communication, du chroniqueur et de l'historien, il est impliqué dans les problèmes politico-administratifs du gouvernement de la ville et collabore directement avec le maire et le conseil municipal (Marco Stefanini, maire de 1968 à 1978 et Gianfranco Mariotti, adjoint à la culture de 1978 à 1985).
Cette politique de communication se concrétise ainsi : une affiche tirée à 300 exemplaires tous les 15 jours, un journal diffusé dans chaque foyer, une revue spécialisée en urbanisme, des cahiers par thème (commerce, assistance aux personnes âgées, sport). Les affiches sont sérigraphiées pour des raisons économiques. Une petite impriemrie offset permet à la commune d'être auto-suffisante en matière de production éditoriale.

Cette communication par voie d'affiches, qui se poursuit encore en 1987, crée un rapport de familiarité entre gouvernants et citoyens. Le graphisme dans la ville est devenu «une institution, une habitude, un flux léger par lequel on communique».




«Festival d'Opéra Rossini», 1981.

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«Fête du sport» au Théâtre expérimental, 1979.

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«Résistance pour la paix contre le terrorisme». Congrès provincial de l'Association nationale des partisans d'Italie, 1980.

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Campagne de prévention du diabète. «Le diabète est une maladie très répandue et souvent cachée mais dont les dommages peuvent être facilement prévenus par un contrôle annuel». En bas de l'affiche : «Bientôt tous les citoyens du quartier recevront cette lettre». 1977.

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Rencontre avec de jeunes auteurs de Pesaro. «Qui écrit aujourd'hui à Pesaro?», 1980.

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«Rencontres sur la radioactivité», 1987.

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«Soirée de sciences naturelle. L'animal», 1983.

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Support d'affichage proposé jusqu'en 1984 aux initiatives culturelles des associations.

Le service pour les initiatives de base :
La commune met gratuitement à la disposition des associations et des groupes spontanés qui veulent faire de la culture les locaux nécessaires, les équipements, l'assistance technique, les affiches, etc. Il en résulte un ensemble de voix venant de tous les horizons politiques et culturels dont certaines n'auraient pas eu d'autres occasions ou possibilités de se faire entendre. Le sens unitaire et pluraliste de cette opération a été rendu par un projet graphique qui se répète de façon identique (sauf dans les couleurs) pour toutes les initiatives. La présence de la commune est discrètement reléguée aux bords du cadre qui est surmonté par deux mains serrées rappelant les armoiries de la ville. De cette façon l'existence d'un fil conducteur, qui relie entre elles des manifestations très disparates, finit par être perçue à travers la répétition, même par le citoyen le moins attentif.


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Vous pouvez voir de nombreuses autres affiches (en très bonne définition) via cette galerie FlickR : Omaggio a Massimo Dolcini