Workshop «Hit Parade» à l’Université de Strasbourg

Les 1, 2, 3, puis 15 et 16 octobre, nous étions du côté de l'Université de Strasbourg pour un workshop avec les Master design 1 & 2. À partir d'un morceau de musique de leur choix, les 10 groupes doivent réaliser des installations scéno-graphiques, mettant en œuvre une lecture personnelle et sensible de ces chansons ou pièces sonores. Le tout quelque part dans l'Université et à partir d'une liste de matériel «contraignante» (lire ici le sujet complet et ici quelques photos du boulot en train de se faire.).



Après trois premières journées de travail ensemble, les étudiants ont pu avancer de leur côté avant d’aboutir leurs installations à mon retour, le workshop se concluant par une présentation déambulatoire à travers le Palais U. Ci-après, un petit aperçu des dix surprenantes installations produites…

And the living is easy (sur une chanson de Guts)



Trois totems-danseuses, constructions étonnantes, peut-être sorties d’un livre constructiviste pour enfant, parés de motifs tropicaux et frou-frou de pacotille, évoquent des poupées géantes ou des toupies cérémonielles ; on peut jouer avec, les faire virevolter aux sons de la musique entraînante.

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Personal Jesus (sur une chanson de Johnny Cash)



Pour construire une sorte d’hommage à Johnny Cash, le groupe s’est appuyé sur un cheminement de références (Johnny Cash, personnage à la vie d’abord brûlante avant de de suivre une sorte de rédemption dans la religion… «Personal Jesus», une chanson de Depeche Mode inspirée de la biographie d’Elvis Presley donnée par sa veuve, Priscilla Presley… Et Johnny Cash, «JC», n’est-il pas lui-même ce personal jesus au yeux de tous ses fans?). L’installation singe les codes du culte catholique (le livre de prières, la chapelle, le portrait du saint, la verticalité architecturale, le cierge) pour évoquer ce côté alambiqué du Johnny Cash au crépuscule de sa vie tumultueuse et adulée.

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Impulsion (sur la chanson Spirale de Disiz ft. Mad)



«Pétage de câble» sur un rap dans la tradition du conscious hip hop ; critique et désabusée, l'installation projette un coup de sang individuel : quelqu'un qui descend au sous-sol et se défoule sur une affiche au message puant de niaiserie, il défonce un panneau d'affichage avec ses piteuses petites annonces, s’acharne «gratuitement» sur un mur, dézingue un extincteur. On débarque après cette petit tornade et on se questionne sur ce qui s’est passé…

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Rions Noir (sur des morceaux de Cradle Of Filth)



En partant d'un groupe archétypal du genre black metal, à la musique sombre et violente, à l'iconographie fantastique, effrayante et morbide, l'objet du travail est de reprendre ces codes pour les retourner, parce qu'ils ne sont qu'une mise en scène, un jeu et non une violence au premier degré. L'instal’ se présente comme une chambre de gamin où sont éparpillés différents objets, un paravent en diptyque gravé de graffitis d'un enfant «spécial», un poster de Dali également orné d'un gribouillis, un bélier à bascule, une marelle… 

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Almeria (sur la chanson Initials B. B. de Gainsbourg)



La Brigitte Bardot chantée par Gainsbourg c’est LA femme, désirée, sacralisée, qui déboule comme elle s’échappe aussitôt, sans prévenir, incapturable, mirage… L'installation nous invite dans un jardin des délices, évoquant érotisme et mystère, des formes sirupeuses nous enlacent, comme un labyrinthe évoquant ce «piège» de l’inatteignable objet du désir.

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Enquête sur les ondes (sur le morceau Feuillet inédit n°4 – ondes Martenot, joué par Thomas Bloch)



Connaissez-vous les ondes Martenot? Un instrument de musique électronique présenté en 1928 à l’Opéra de Paris, aux sonorités à la fois modernes et étranges. L’installation, dans un couloir de sous-sol sombre, nous offre de plonger dans l'univers d'un enquêteur obnubilé, à la poursuite de l’histoire de cet instrument insolite, collectant documents et notes personnelles… Cette mise en scène peut aussi s'apprécier sous un angle didactique pour nous apprendre quelques anecdotes autour de cet instrument étonnant.

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Einstein on the beach (sur un opéra de Philip Glass)



La musique de Glass a inspiré ici à une scénographie immersive, nous sommes tous réunis pour assister à une petite forme de spectacle joué par le groupe d'étudiants et une mise en lumière assez magique. Des sortes de grandes méduses en mouvement produisent une lumière hypnotisante, deux actrices masquées interagissent de manière cérémonielle avec, dans le fond une silhouette colle des petits ronds sur un écran qui fermant l’espace, le tout parfaitement accompagné du son envoûtant de cet opéra. On en sort un peu planant.

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Sans Dessus-Dessous
(sur la chanson Riptide de Van Joy)



La chanson, sous son air entraînant qui pourrait être la BO d’un bon road trip, n'est peut-être pas tout à fait légère et joyeuse, avec ses paroles un peu inquiétantes et tristes. On peut faire deux écoutes de ce morceau et c'est sur cette idée de renversement que l’objet présenté fonctionne, donnant un point de vue sur un paysage de rocheuses (fantasme du road trip), et de l'autre côté, ce même paysage se retrouve complètement invers酠La vue frontale s’avère elle assez complexe.

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Get Up (sur un morceau de Chinese Man ft. Ex-I, Lush One & Plex Rock)



Cette installation a été construite comme un écho graphique de la musique, partant notamment de la boucle comme base de la composition et aussi de la danse, avec des notes et des textures qui s’ajoutent, passent, partent, reviennent, répondent au centre, plus ou moins fort… Ceci se présente comme un terrain de jeu circulaire, une invite à s'amuser et à danser autour, enjambant avec rythme ces lignes et tournoyant autour de ces formes le temps d'une ronde groovy et joyeuse.

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Liberty Cave (sur la chanson Feeling Good de Nina Simone)



En partant d'un délicieux morceau avec ce rythme marqué et léger à la fois, cette installation nous invite à nous aventurer dans une grotte, en se glissant dans une succession de contreformes charpentées comme des roches sensuelles, on se glisse dans cette caverne sombre qui s’ouvre sur une vision onirique et attirante, aux couleurs excitantes, une «libération». Quand on fait demi-tour, on voit tout en rose!

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Pour finir, quelques autres photos du making of :


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