Workshop à Orléans – Nous aimons écrire des histoires et peindre des images


L’atelier proposé, comme le sont souvent les ateliers que nous menons, résonne beaucoup avec nos pratiques actuelles et les recherches que nous avons en tête. Avec les étudiants d’Orléans nous avons voulu travailler autour de l’écriture, prendre le temps de mener des exercices graphiques détachés de la question du sens, il y a eu des moments collectifs et puis individuels, pour enfin arriver au travail d’une image, une « peinture ».

Atelier d’écriture (une demi journée)
Le premier exercice prend la forme d’un atelier d’écriture, une pratique a priori détachée de celles des étudiant-e-s, où les niveaux individuels sont gommés. Ce sont aussi des temps conviviaux qui nous plaisent pour se rencontrer.
Premier travail : chacun écrit un voeu, puis ils sont mis dans un chapeau ; à tour de rôle chacun tire un voeu comme point de départ pour écrire un paragraphe « comme ça lui vient », puis à tour de rôle chacun tire un paragraphe de cette série pour écrire un nouveau texte (une suite, un rebond, une réécriture). C’est uniquement cette ultime série de textes qui est conservée, on en tire chacun un au hasard et on le lit debout, devant le groupe.
Second travail : tout d’abord en binôme, chacun reçoit une image (choisie par nos soins), la regarde attentivement avant de la retourner ; puis, chacun son tour, l’un décrit son souvenir et ses impressions sur l’image à voix haute, pendant que l’autre s’applique à prendre des notes (de manière libre). On obtient donc deux notes, elles sont alors transmises à un autre binôme où chacun prend une note et écrit un texte en rebond. Enfin, ce texte est transmis à une autre personne, qui doit le poursuivre (une suite, un rebond, une réécriture). On ne conserve que cette ultime série de textes, on en tire chacun un au hasard et on le lit debout, devant le groupe.
Certains résultats sont surprenants, il y a des textes drôles, des très poétiques, des histoires et des réflexions intimes, des styles très différents.



(Clotûre de l’atelier d’écriture) À partir de deux séries de textes conservées, on en garde une sélection réduite pour qu’il n’y en ait qu’un par étudiant-e. On tâche de garder des textes propices à un travail graphique, peut-être pour aller vers des cartes géographiques (qui était le sujet initial), des textes qui pour nous ont une vraie qualité littéraire et une originalité.
Chaque étudiant-e prend un de ces textes pour le recopier sur une grande feuille de façon « simple », en capitales, à la mine de plomb. Cela donne une série d’affichette assez homogène, à partir de laquelle chaque étudiant-e choisit le texte avec lequel il souhaite travailler. On projette que la réalisation de l’image finale pourra se faire en solo ou en binôme, mais le déroulement du workshop a finalement amené les étudiant-e-s à travailler en solo jusqu’au bout.



Atelier d’écriture manuscrite (deux demi journées)
À partir de cet exercice, le groupe est partagé en deux, chacun de nous deux ne suit que sept étudiants.
Cet exercice graphique doit permettre à chacun-e de développer son écriture manuelle vers un ou plusieurs styles qui nous semblent riches d’une personnalité et émancipé d’un style mou ou « enfantin », et propice à devenir un outil graphique à part entière dans son travail (actuel et futur). Cette recherche est menée uniquement à la mine de plomb. On peut travailler via l’écriture d’alphabet ou de bouts de phrases (issues de son texte), en se contraignant à écrire de façon très rapide, avec la mauvaise main, à main levée, en forçant l’italique, en s’appliquant plus ou moins, en tentant des dessins de lettres originaux, tout en intégrant petit à petit une recherche de mise en page. Certain-e-s étudiant-e-s arrivent à un seul style abouti, d’autres montrent plus de diversité dans ce travail et plusieurs possibilités intéressantes s’ouvrent à eux, mais pour conclure l’exercice on ne garde qu’un style par étudiant-e ; chacun réécrit son texte sur une feuille grand format avec le style manuscrit abouti.
Cet exercice est ponctué par une projection d’images, des exemples d’écritures manuscrites dans des travaux d’artistes, de dessinateurs et de graphistes.



Atelier de peinture graphique (deux demi journées)
Cet exercice est lancé par une projection d’images (peintures, affiches).
On met complètement de côté les textes pour s’ouvrir à un travail d’expérimentation « libre », à la peinture, tout d’abord en travaillant sur de petits formats (A6, A5), puis selon l’avancement les formats s’agrandissent. La peinture doit être au coeur de la recherche mais la mine de plomb et la papier découpé peuvent aussi entrer en jeu. Selon les niveaux des étudiants sur cet exercice, notre intervention est plus ou moins directive, dans l’idée que tou-te-s poussent une recherche originale et trouvent une écriture qui peut être pertinente pour aboutir à l’image finale.



Création d’une image peinte (deux demi journées)
L’aboutissement du workshop arrive comme le prolongement du précédent exercice, les recherches formelles se déploient sur des formats de plus en plus grand jusqu’à un rendu intermédiaire. Pendant deux heures, nous faisons tous ensemble le tour, chaque étudiant-e nous présente sa recherche, puis nous faisons un retour, avec en tête la réalisation finale à venir.
S’ensuit le démarrage du « final » sur format 110 x 150 cm (vertical ou horizontal), pour la plupart des étudiant-e-s il s’agit de réaliser en plus grand leur dernière recherche mais le changement de format implique une maitrise différente. Il y a aussi l’intégration du texte (toujours à la mine de plomb) qui peut s’avérer complexe pour certain-e-s, ou au contraire d’une composition graphique où textes et images sont agencés ensemble dès les recherches, ici les recherches d’images ont été menées sans textes.

Selon les maîtrises des étudiant-e-s et leur rapidité d’exécution, certain-e-s ont pu finir très rapidement, d’autres n’ont pas pu présenter une image tout à fait aboutie au moment du rendu (jeudi à 16h), le rythme soutenu du workshop n’étant bien sûr pas complètement adapté à toutes les personnalités et à toutes les idées graphiques.



Nous sommes très contents des images produites, le résultat n’avait rien d’évident et il nous semble que le plaisir était aussi au rendez-vous. S’impliquer dans un travail à la main n’était bien sûr pas évident pour des graphistes en formation, mais nous espérons avoir un peu transmis de notre goût pour le travail du dessin et de la peinture, qui implique le corps et l’esprit de façon différente que l’ordinateur et amène à des images d’une forte sensibilité.