Workshop « Camp Climat » à l'Isba de Besançon



Retour à la normale après une semaine intense de workshop à l'Institut des Beaux-Arts de Besançon. Nous étions présents tous les trois accompagnés d’une trentaine d'étudiants, pour l'élaboration et l'expérimentation d'un temps collectif, de partage du quotidien, d'échange de pratiques et d'expérimentation formelle : la construction de biens communs vécus.
Partant de notre « connaissance » de Besançon, que c'est une des villes où se montèrent les groupes Medvedkine, et que nous avons en tête la chanson de Colette Magny sur les filles de la Rhodia, nous avions d'abord projeté un workshop en 4 × 8. Nous avons gardé l'envie d'horaires décalés, un moyen assez simple de sortir rapidement les étudiants (et nous-mêmes) de nos habitudes pour provoquer des situations étonnantes et fortes.

Petit récit d’un workshop de la semaine «folle».

J1, mardi 1er décembre.
On se retrouve à 10h30 dans l'amphi de l'école. Nous sommes une petite quarantaine, des étudiants des années 1, 2, 3, 4 et 5 (DNAP et DNSEP), des cursus Art et Communication visuelle, et puis nous trois Formes Vives.
Nous disposons les chaises en petite agora, chacun arrive, on commence à discuter. Nous énonçons les quelques règles du jeu auxquelles nous avons pensé : la journée du mardi sert à organiser le workshop, rdv le lendemain à 6h du matin devant l'entrée de l'amphi, on sortira 48h plus tard, vendredi à 6h du matin. On aimerait travailler des images. On devra organiser des repas collectifs. On doit aussi organiser l'espace de l'amphi, avec notamment un coin dédié au repos. Nous avons un peu de matériel : tasseaux, grandes planches fines de médium, un peu de peinture, des chaises, des tables, et le matos ramenés par les étudiants eux-mêmes. Suite à notre demande préalable, chacun a aussi apporté son sac de couchage et certain-e-s un matelas de camp.
On propose de réfléchir individuellement, puis par petit groupe, autour de différents axes : sujets / programme / manger / organisation de l'espace. Après un petit temps on met en commun les idées de chaque groupe, puis on se met autour de grands panneaux sur lesquels on note ces idées et d'autres qui viennent. Vers 16h on conclue la journée, une liste de course a été établie, tout le reste est encore bien flou.



J2, mercredi 2 décembre, 6h du mat. Les étudiants arrivent au compte-goutte, chacun a ramené de chez lui de quoi faire un petit déj commun. On boit des cafés et des thés. Une idée de la veille revient sur le tapis : on pourrait travailler "quelque chose" qui surprendrait les autres étudiants à leur arrivée dans l'école (vers 9h). Un étudiant a rapporté ce matin un paquet d’affiches de pub format 120 x 176. Très vite démarre un atelier affiche à partir de ces matériaux, avec la peinture on détourne ces images, découpe des bouts, compose de nouvelles images, et dès 9h commence un affichage de ces images sur le mur de l'amphi devant lequel passent la plupart des gens de l'école!



Pendant ce temps, un autre groupe a commencé à s'affairer sur la construction d'une cabane, qui commence dans un coin de l'amphi et grandit rapidement. En fin de matinée elle occupe déjà un quart de l'espace! Une équipe est partie faire des courses puis va préparer le repas (dans la "cuisine des profs") : nouilles chinoises aux petites légumes, super! On fait aussi un coin pour la vaisselle autogérée dans l'amphi.


L'après-midi se poursuivent les activités du matin ; certains continuent de bosser des images à partir des affiches publicitaires et d'autres continuent de pimper la cabane, qui devient sophistiquée et décorée. On lance aussi 4 groupes sur un travail dédié à la sérigraphie ; chaque groupe bosse sur "une couche", un cadre, en partant d'une proposition de programme pour le lendemain et avec une seule contrainte graphique commune (une ligne d'horizon au centre de la compo) ; les 4 images ainsi produites pourront être imprimées les unes avec les autres, 2, 3, 4 couches. Les groupes finissent par réaliser leurs images sur calque puis partent insoler. Quelques essais de tirage sont même tentés (mais il faut arrêter, la nuit nous n'avons pas accès à l'atelier sérigraphie et ne pouvons pas facilement rincer les cadres). Les référentes cuisine pour le repas du soir ce sont entre temps mises au boulot en réunissant une petite équipe et vers 21h arrivent trois bonnes soupes! On est tous assez crevés de la journée, quelques uns ont disparu du groupe. Une dizaine d’entre nous partent faire une petite rando nocturne jusqu'à un château d'eau avec vue panoramique magique sur Besançon, tandis que les autres restent au chaud devant un film. Une fois tout le monde réunis, on part dormir dans la cabane les uns après les autres tandis qu'est projeté Koyaanisqatsi et sa fameuse bande son hypnotisante (Philip Glass). Dodo.


J3, jeudi 3 décembre, matin, on émerge tranquillou vers 8h, est jouée une playlist de soul 60's toute douce, un motivé va chercher du pain, la cafetière repart de plus belle, petit déj.



Une équipe se met à la sérigraphie, une autre entreprend de repeindre et agrandir la cabane qui occupe maintenant un bon tiers de la salle. Un coin bibliothèque digne de ce nom est aménagé. Un petit groupe fait des affichettes-haïku avec en tête une petite édition à imprimer dans la nuit. À midi on réchauffe la soupe de la veille. L'après-midi se poursuit les ateliers. Dans tout ça on arrive à faire une affiche de 2,5 x 4 m fixé sur un cadre en bois. On décide de la sortir pour prendre des photos dans la zone industrielle proche, une sorte d’happening.



Il faut préparer la salle pour la conférence de 18h, après le rangement et un brin de ménage, on installe les sièges sur le côté libre de la salle.
Ce soir pour le dernier repas collectif c'est couscous végétarien, un sommet! Comme la veille, à l'arrivée du soir, on tourne tous au ralenti. Chacun bricole un peu dans son coin, trois-quatre motivé-e-s fabriquent une sorte de petit char… Est projeté l’étrange Zardoz avec une bande son électro mixée par-dessus. Le groupe s'est un peu réduit, à nouveau quelques étudiants sont rentrés chez eux pour dormir, on doit être encore une vingtaine.



J4, vendredi, comme la veille, ça se réveille petit à petit dès 8h, quelqu'un va chercher du pain frais, petit déj. Puis c'est l'heure de ranger! La cabane est démontée, les chaises et les tables rangées, un coup d'aspirateur est passé, à 11h c’est coché.



On prend alors un temps pour faire un petit bilan avec les étudiants encore présents, on écoute les sentiments (partagés ou pas) sur ces deux journées étonnantes. En tant que «responsables» de ce workshop, nous racontons nos propres intentions et la façon dont nous avons vécu le truc par rapport à de précédentes expériences. Après un repas au RU, on revient à nouveau dans l'amphi, cette fois pour filer la main à organiser le «désherbage» de la bibliothèque. Relâche l'après-midi. Et le vendredi soir, c'est la fête! L'école offre un chouette buffet dans une salle de dessin qui se transforme en dancefloor, histoire de terminer la semaine tout à fait épuisés et souriants. On rentre petit à petit dans nos pénates, couchés bien tard.

Nous étions invités par Martha Salimbeni (merci!) et accompagné de Guillaume, Amandine, Mariane, Raphaël, Mélissa, Laura, Solène, Xiujing, Rodrigue, Alexis, Morgane, Antoine, Valentin, Alexandre, Manon, Hermance, Bérangère, Axel, Jiahui, Marion, Lindsey, Loriane, He, Jia, Eugénie, Dorian, Léa, Anna, Paul, Nassim, Timon, Anne-Claire, Henri, Lihanchao, Apolline, Éva, Diallo, Charlotte, Gabrielle, Pierre et ceux qui nous ont rejoint pour 5 minutes, une heure, une nuit.