Lyon, La Martinière Terreaux, Lamartine, Alban-Paul, Jeanne, Aurélia, Antoine, Félicité, Ali, Morgane, Anouk, Mona, Les Seychelles, François, Les Transversales



Départ samedi 25 mars pour Lyon, retour dimanche 2 avril.

Gare de la Part-Dieu, un samedi aprèm, débarque de Mars encore un peu fracass de la soirée d’hier. En trois mouvements le vélo pliant clic clac est prêt pour le bitume lyonnais. En selle, dos au centre-ville direction Grange Blanche, rdv à la friche Lamartine. C'est Alban-Paul qui m’ouvre la porte, François est en vacances, Valentin et Antoine ailleurs aussi. Je profite de ce séjour à Lyon pour prendre le temps de rencontrer ce groupe, sorte de collectif sans titre qui fait des étincelles au carrefour de pratiques militantes, plastiques, graphiques et musicales. Semblerait qu'on ait quelques atomes crochus (par le web on a vu passer les actions Interzone Playground ou Selluloid Restaurant, et plus récemment les maquettes des éditions Les Mondes à Faire).



Lamartine c'est la suite d'une beaucoup plus grosse friche, RVI, squat d'artistes maintenant fermé (1999-2011, voir le film À côté du paradis de Christina Firmino). La ville de Lyon a relogé une partie des occupants (environ cent cinquante) dans d’anciens bureaux à deux pas. C’est donc là que Alban-Antoine-François-Valentin ont une pièce d’une quinzaine de m2, il y aussi Éléonore et Jeanne et deux-trois autres personnes qui partagent ce bien encombré petit espace au loyer modique. On trouve dans Lamartine des plasticiens, des zicos, des bijoutiers, un atelier métal, un mur végétal, trois cuisines éparpillées sur les trois niveaux et longs couloirs qui découpent ce lieu fou, où même un samedi ça grouille. Aussi, un atelier sérigraphie, c’est là que sont par exemple tirées les affiches que dessine Félicité Landrivon pour Météorites, un jeune collectif qui organise des projections de films. Les membres de Lamartine, après quelques années, se préparent doucement à un nouveau déménagement : parce que le stade de foot voisin va être agrandi, Lamartine rasée. Les artistes vont être relogés à nouveau par la ville mais dans deux lieux, avec superficies réduites et les archis de NA! + Pourquoi Pas! pour accompagner cette mutation qui va obliger à mutualiser encore plus les espaces. Ça pas l’air de leur faire peur.

On rejoint le centre avec Alban, étape apéro près de l'Opéra chez Ben et Aurélia qui m’hébergent cette semaine. Puis je repars vers Alban accompagné d’une bande élargie, de quelques bières et d’un plat de pâtes. Il y a parmi eux Félicité, aussi une rencontre qui a tardé à se faire. Puis on file danser avec The Egyptian Lover au Sonic, un bon live assorti de retrouvailles surprise avec Kader et ses potes breaker, toujours au premier rang même s’ils se sont maintenant mués en papas, troquant leur groove énergique par des danses robotiques, calmes et drôles. On traine sur cette péniche jusqu'à sa fermeture, puis retour à patte tranquillou à l'heure où la ville somnole. Dimanche en mode dimanche, histoire de récupérer d'un weekend cathéméral.



WORKSHOP AVEC LES DSAA DESIGN GRAPHIQUE À LA MARTINIÈRE TERRAUX, 27-31 MARS

Lundi je commence cinq jours d’atelier, mon retour à La Martinière Terreaux. Entre 2003 et 2005 j'y ai passé de biens bons moments, le temps d'un BTS ACI (design d'objet), d’un paquet de fêtes, de mes première élucubrations graphiques et de bonnes parties de Midtown Madness. L'eau a coulé sous les ponts depuis, mais je retrouve au fil de cette semaine pas mal de visages connus : les anciens profs. L’école n'a quasiment pas changé j’ai l’impression. Merci David Pilloix & Jean-Christophe Chauzy pour l’invit!

Le sujet du workshop est le même que celui proposé aux BTS des Arènes à Toulouse le mois dernier : lire Lundi Matin, y choisir un article qui vous touche ou vous percute, former des équipes de trois, mettre en commun les textes pour en choisir un ou plusieurs et en créer une édition dédiée à l'espace public. Fanzines, affiches, journaux muraux, installations, tracts… J’attends surtout du plaisir et de la malice dans la façon de s'approprier ces textes et de les diffuser.

Un sujet est un prétexte, pour parler de méthode, travailler collectivement, questionner le sens de notre travail, évoquer des travaux de références, passer un bon moment ensemble, et si possible s’embarquer dans une expérience inédite avec à la clé un chouette résultat visuel. C’est la première fois que les étudiants de DSAA 1 et 2 bossent ensemble, et, dans mon «sujet» qui a plutôt l’allure d’un courrier, il y a aussi quelques instructions concernant l’organisation de la semaine. La plus importante : les repas doivent ressembler à des banquets, un groupe différent cuisinera chaque matin pour tous les autres, on dressera une jolie table. Certain-e-s étudiant-e-s voient ça avec un peu d’appréhension mais finalement tout le monde se prête au jeu et c’est comme ça qu'on transforme une salle de classe en cantine éphémère.



Pour les midis, je propose aussi un sujet de discussion au soleil («Qu'est-ce qu'on fera dans 5 ans? 10 ans?») et de constater qu'une bonne partie des étudiant-e-s s'imaginent décrocher du graphisme une fois les études bouclées, pendant un petit moment au moins. Le désir premier c'est juste d'avoir un taf, pas beaucoup parlent de voyages, d’enfants ou de projets collectifs. C’est pas des diplômes qu’il faut donner, c’est des ailes. En même temps elle est pas évidente ma question, c’était peut-être pas une bonne idée.
Le mercredi je propose une projection de courts métrages et d’extraits de films que j'aime, notamment pour la façon dont ils sont politiques.



Mercredi soir j'ai droit à une coupe de cheveux et un tour en bécane avec Ali, direction les Seychelles, un squat à Vaise ouvert le temps d’une trêve. C’est soirée albanaise. J'y retrouve Aurélia en bonne forme et y rencontre à l'étage, dans un salon-salle de projection déglinguée, Morgane et Anouk. Quelques jours avant, je cause du sujet du workshop à Aline d'ETC qui rebondit : « C’est marrant, en octobre aux Beaux-Arts de Valence on a vu un diplôme d'étudiante qui ressemble beaucoup : elle a édité en version tracts des textes de Lundi Matin pendant les manifs contre la Loi Travaille… » Quel bizarre hasard se marrent. Je découvre comme ça le boulot d’un trio de filles maintenant réunies à Lyon : Anouk Rebaud, Morgane Masse et Mona Chancogne.



Pour le jeudi midi, j'ai le grand plaisir d'avoir quelques guests. Félicité Landrivon qui descend du marché de la Croix-Rousse pour nous aider à préparer le déjeuner (mais pas le temps pour elle de nous montrer son chouette boulot). Et donc Mona, Anouk et Morgane, qui déjeunent aussi avec nous et pendant le café nous présente leur travail avec Lundi Matin. On apprend au passage que les filles bossent sur la maquette de la version imprimée de Lundi Matin, à paraître dans les semaines qui viennent. C‘est un super moment!

Jeudi soir, c'est d'abord apéro de fin de journée place Tabareau près de l'atelier de Félicité (les Grand Cheval Sauvage bossent là aussi), puis retour aux Seychelles, cette fois concert punk.



Vendredi vient l’heure du rendu, les travaux se terminent dans la matinée, l’après-midi on montre tout ça, avec aussi les présentations des trois autres workshops qui se sont déroulés en parallèle (en DSAA design textile, design d'objet et design d'espace). Et avant de se quitter c’était bien de prendre un temps pour faire un petit debrief. L’occasion pour moi de m’expliquer sur le choix, assez contraignant pour une partie d’entre eux, de bosser avec les textes très critiques et « orientés » de Lundi Matin. Parce que tous les médias sont orientés. Parce que les médias dominants n’ont rien d’objectifs contrairement à ce qu’ils prétendent, propriétés de grands groupes industriels (et en bonne partie des marchands d’armes) et faire-valoir de la société de consommation. Parce qu’il est bon pour la santé mentale de lire autre chose, d’un peu lucide et révolté. Parce que peut-être jamais ils ne seraient tombé sur un journal comme Lundi Matin par eux-mêmes ; au moins maintenant ils savent que ça existe. Et j’ai pu apprécier, comme à Toulouse, que tou-te-s ont trouvé des contenus qui les ont intéressés.



Samedi matin, ciao Lyon, je prends la route avec Picasso, Antoine et François, rentré de son petit tour au Portugal. C’est bien la bagnole pour discuter. On arrive à Crest vers midi, pour un premier café au QG des Transversales #2, petit festoch d’art avec quelques expos, perfs et nuits de concerts. C’était sur ma route, l'occasion de passer un peu plus de temps avec les Lyonnais, je tombe aussi sur Marie Marto, recroise Mona et, provenant d’une autre planète, il y a Mayon et son fils Dervenn, installés à Crest depuis une petite année. Temps maussade, petite sieste, journée un peu mollassonne qui se finit par des concerts de qualités variées dans un grand hangar, à la sortie de la ville. Tous les alternos du coin s'y sont donnés rendez-vous, la cour des miracles version Drôme avec son contingent de trentenaires-cool-et-écolos, une poignée de punks, une bande quinquas dévergondés, des ado couleur babos, quelques assujettis à la coke, un clochard céleste, deux jeunes à casquettes et sacoches bandoulière. Je quitte le bal au moment où ça part en techno-boum-boum-boum.

Enfin, dimanche, réveil en douceur depuis la tanière de Mayon. On file au Cabaret des Ramières pour un buffet-brunch-petite fête de printemps, avec ce qu’il faut de minots qui gambadent dans tous les sens et des bons petits trucs à se mettre sous la dent. Je m’attarde pas trop, un covoit m’attend à la gare que je rejoins avec mon fidèle petit vélo violet et sous quelques gouttes de pluie. Retour à Marseille, à peine le temps de défaire mon sac et retrouver un nouvel appart, j'embarque en Vito avec Pierre, Émeline et Julien, direction St-Henri. Ce soir c'est bal-concert à la Machine Pneumatique avec André Minvielle, excusez du peu!
Fin de semaine.