Les essentiels d'Hermès, La communication politique

Hermès est une des revues éditées par le CNRS qui a comme centre d'intérêt les évolutions de la communication. Après 20 ans d'existence, Hermès édite en ce moment une collection d'«Essentiels» ; chaque livre regroupe, sur un domaine, une introduction actuelle et un corpus de textes résumés. «L'espace public», «Francophonie et mondialisation» et «La communication politique» — dont je vais vous parler — sont déjà sortis.

Le résultat est assez décevant ; en fait de démonstrations critiques explosives — le sujet s'y prête bien et la 4e de couverture nous le fait espérer —, les études sont plutôt sages, n'amenant que peu d'idées neuves et se répandant sur un ensemble de sujets qu'elles semblent vouloir ménager. Ne fâcher personne.

Je déconseille ainsi la lecture de ce livre, pas seulement par sa simplicité naïve mais d'abord par le fait que de tels potages anesthésient l'esprit critique plutôt qu'ils ne lui donnent de nouvelles armes.


À côté d'un Dominique Wolton navrant — et qui dirige la publication —, de quelques textes qui deviennent mous avec l'âge, j'ai quand même trouvé un propos limpide ; le texte de Christian Le Bart, «Les bulletins municipaux : une contribution ambigüe à la démocratie locale» complète bien la critique que nous avons fait dans notre mémoire de ce support d'information qui est en réalité un outil électoral bien huilé.

«D'abord le bulletin érige le maire en totem. L'élu apparaît comme le représentant de tous (et non de ses seuls électeurs), au service de tous (et non de ses seules clientèles électorales). De ce point de vue, il n'y a évidemment aucune symétrie entre la parole du maire et celle de l'opposition, quand bien même cette dernière aurait droit de cité dans le bulletin. Le premier parle en surplomb, du haut d'un rôle sacralisé, il parle le premier (éditorial), il parle à tous au nom de tous, il dit l'intérêt général. La seconde prend la parole dans la confusion, et se voit conférer le rôle dévalorisant de messager du malheur (tout ne va pas si bien que ça). Face à un jeu d'emboîtements métonymiques qui ne donne pas prise à la critique (le maire, c'est la commune), les opposants donnent toujours l'impression de jouer contre leur camps : en dramatisant les problèmes locaux, ils noircissent le territoire ; en critiquant le maire, ils insultent la collectivité que celui-ci symbolise.» […]