Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793, pour l'Université populaire du 18e

Voilà donc une trace photographique de l'exposition que nous avons proposé pour le «mix de weekend» de l'Université populaire du 18e. Une partie des affiches restera accrochée pour les cours de Sophie Wahnich, sur la Révolution française et son actualité. (Jetez un œil sur le programme.)



Le point de départ de ce travail était la demande de Sophie d'afficher une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (participant à reproduire l'ambiance qu'on pouvait trouver dans les clubs révolutionnaires).

Durant la période révolutionnaire, la Déclaration des droits est un texte sacré, sans doute le principal gain de l'insurrection populaire, sur lequel reposaient les plus vives attentes du peuple.
Si on connait le Déclaration de 1789 (la première donc), on connait beaucoup moins bien celle de 1793, encore plus révolutionnaire et populaire que la précédente (de nombreux articles sont alors écrits par Saint-Just et Robespierre). À savoir qu'après la chute de ces deux ardents défenseurs de l'égalité, et donc la fin de la Terreur, une déclaration est réécrite en 1795, consacrant la victoire définitive des contre-révolutionnaires bourgeois.
Aussi c'est la Déclaration de 1793 que nous avons choisi pour travailler.

L'enjeu de notre intervention graphique était de tenter une appropriation subjective, de manière à subvertir un traitement historiciste (ne pas en faire un monument froid) au profit d'une création populaire (une œuvre qui se crée à partir de la singularité de son auteur et de ses conditions de possibilités, d'après la définition Bertrand Ogilvie). Par ce biais, peut-être, pouvions nous rendre à ce texte un caractère chaud et contemporain.

Une citation de Saint-Just nous a également encouragé dans cette tentative personnelle. «Honorez l'esprit mais appuyez vous sur le cœur.»
(À noter que cet énoncé exprime clairement la distinction entre l'approche politique révolutionnaire et les stratégies politiciennes actuelles.)



Nous avons occupé l'ensemble des murs de l'Atelier Francœur avec 36 affiches (le préambule et les 35 articles associés à 36 formes) qui se réunissent en deux «totems», un diptyque qui se compose des mêmes formes réunies.
On peut placer ce travail dans la suite de nos recherches pour renouveler le vocabulaire graphique politique, entamées entre autres avec les Posters politiques.



L'exposition s'est transformée en décor pour les différentes activités du weekend. Ci-dessous, vendredi soir avec la table-ronde d'écrivains (Véro­ni­que Pit­tolo, Jean Phi­lippe Domecq et Jac­ques-Henri Michot) et dimanche après-midi avec la pièce Péti­tion – Poème (Pierre Kuentz, Maud Cha­pou­tier et Mathilde Billaud).



Pour ceux que le sujet intéresse, je vous renvoie vers l'essai de Sophie Wahnich La liberté ou la mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme (2003), édité par La fabrique. Mais n'hésitez pas à vous rendre aux prochains cours, gratuits, sans inscription préalable, de la même Sophie Wahnich…


Un grand merci à Yann pour l'aide à l'installation, à Sophie pour l'invitation et à celles et ceux qui sont passés durant le weekend.
Pour info, l'accrochage de ce travail est aisément renouvelable, n'hésitez pas à nous solliciter. Nous serions très heureux d'éventuels prolongements.

« Les ennemis de la patrie s'imagineraient-ils que les hommes du 14 juillet sont endormis? S'ils leur avaient paru l'être, leur réveil est terrible. Ils n'ont rien perdu de leur énergie. L'immortelle Déclaration des droits de l'homme est trop profondément gravée dans leurs cœurs. Ce bien précieux sera défendu par eux, et rien ne sera capable de le leur ravir. »
Antoine-Joseph Santerre, discours à l'Assemblée du 20 juin 1792.