Je viens d'arriver à bout de ce livre sinueux, historique, et nettement moins prévisible que peut le laisser croire son titre sec.
Si, en candide, j'abordais ce livre pour prendre connaissance des évolutions multiples de la «communication», je ne m'attendais pas à tomber dans un tel dédale! Le sociologue Armand Mattelart a mis à profit des connaissances très variées en apparence pour construire avec patience (à travers 350 pages), de manière universitaire, une copieuse fresque historique appuyée à cette notion protéiforme de communication.

«Cette histoire de l'invention de la communication est une invite à parcourir un tracé différent de celui que balise la communication dans sa modalité médiatique. La communication sera prise ici dans une vision plus large, englobant les multiples circuits d'échanges et de circulation des biens, des personnes et des messages. Cette définition couvre tout à la fois les voies de communication, les réseaux de transmission à longue distance et les moyens de l'échange symbolique, tels les expositions universelles, la haute culture, la religion, la langue et, bien sûr, les médias. Elle évoque aussi les diverses doctrine et théories qui ont contribué à penser ces phénomènes. Sont revisités sous l'éclairage de la communication des auteurs aussi divers que Vauban, Quesnay, Turgot, Adam Smith, Malthus, Saint-Simon, Comte, Fourier, Cabet, Proudhon, Enfantin, Darwin, Spencer, List, Ratzel, Marey, Taylor, Tarde ou Le Bon. Beaucoup d'autres sont redécouverts.
Cette histoire débute au XVIIe siècle […] pour se terminer dans la troisième décennie du XXe siècle, au moment où émergent à peine les termes
mass media, communication et culture de masse.» (Extrait de l'introduction)

Édité à La Découverte, première édition 1994.