Workshop au Festival de Chaumont, compte-rendu
Adrien Zammit - jeudi 2 juin 2011 - Pédagogie
Nous avions donc le plaisir dêtre parmi les graphistes invités cette année à encadrer un des workshops du Festival international de laffiche et du graphisme de Chaumont (Haute-Marne). Le sujet était imposé (le même que pour le concours étudiant) et les étudiants (une dizaine par groupe) devaient aboutir à des propositions daffiches, format 60x80cm.
Les étudiants étaient pleins denthousiasme et ont rendu ces quatre jours de workshop très agréables et dynamiques.
Le sujet «À textes ouverts» était une pâte très molle, appelant les étudiants à sinterroger sur les «scénarios de lecture» quen tant que graphistes ils sont à même de déployer, dimposer, de proposer. À partir de quoi, nous avons invité les étudiants de notre groupe à se saisir ou à un composer un texte, un extrait, des mots den faire une traduction personnelle et étonnante glissant sur un format affiche.

Les étudiants étaient pleins denthousiasme et ont rendu ces quatre jours de workshop très agréables et dynamiques.

Le sujet «À textes ouverts» était une pâte très molle, appelant les étudiants à sinterroger sur les «scénarios de lecture» quen tant que graphistes ils sont à même de déployer, dimposer, de proposer. À partir de quoi, nous avons invité les étudiants de notre groupe à se saisir ou à un composer un texte, un extrait, des mots den faire une traduction personnelle et étonnante glissant sur un format affiche.

En début, nous avons demandé aux étudiants de travailler par groupe de deux ou trois comme nous avons apprécié le faire dans nos précédentes expériences , les invitant ainsi à réfléchir et avancer en collectif réduit, avec une certaine autonomie critique (vis-à-vis de Nicolas et moi-même) devant permettre de progresser seuls et vite.
Ces groupes nauront pour la plupart pas tenu longtemps, chacun des étudiants ayant au final abouti une affiche individuellement ; essayant de forcer le moins de choses possibles dans ces temps de travail, si les étudiants font le choix de travailler seul, nous le respectons. Un binôme a cependant tenu de bout en bout tandis que deux autres «couples» ont travaillé autour du même texte.
Lexercice nappelant la production que dun seul exemplaire de la proposition, nous invitions les étudiants à travailler manuellement, directement sur leur format et, pourquoi pas, à travailler avec un peu de volume, dépaisseur (choses qui ne seraient pas possible de produire en série). Il faut aussi savoir que laccès à des imprimantes nest toujours pas possible pour ces workshops, seuls des photocopieurs étaient en libre accès. Et Internet ne fonctionnait pas. Pour nous comme pour les étudiants ce nétait pas bien grave ; au contraire, ces derniers nont eu aucun mal à se décrocher de leurs écrans.

Il est à noter quétaient ici réunis des étudiants aux pratiques et aux niveaux très différents, et il na peut-être pas toujours était simple de trouver un positionnement correspondant à chacun tandis que le sujet se prêtait aux égarements les plus stériles. Au final, les travaux sont partis dans un peu tous les sens! (Ce qui est toujours pour nous un plaisir à observer.)

Voici les affiches (les repros sont pas géniales, je men excuse) :
Héloïse Derly & Anna Lena Schrieb




Leur travail, très libéré de tout propos frontal au profit dune grande jubilation à bricoler les formes dans tous les sens, les a amenées à ces deux compositions dissonantes (musique concrète?) ; des jeux graphiques avec les mots comme sons.
Martin Pasquier


«Littérature ton rit et ton rut, ton râle et ta lutte», des mots extraits du Langage Tangage ou ce que les mots me disent de Michel Leiris, avec lesquels Martin a conçu un objet se dépliant, cahier devenant affiche, rejouant le plaisir que Leiris prend à décortiquer les mots.
Faustine Mary


Avec Gabriella, Faustine a travaillé à partir du Quen-lira-t-on Les Droits imprescriptibles du lecteur de Daniel Pennac. La malice et la légèreté de ce texte glisse dans une affiche forêt, invitation à la cueillette, incarnation piquante et flottante du «droit de grappiller».
Gabriella Sperotto


Avec Gabriella, les droits de Pennac sont ici composés comme une citation du livre (pris en tant quobjet) ; laffiche est à feuilleter, chaque droit se dotant dune forme graphique un peu littérale mais toujours habile, il sagit ici aussi dune chose à picorer (sachant que Gabriella y a également glissé ses propres droits et des extraits de livre).
Karl Raphaël


Amusé par une citation dAmélie Nothomb («Le seul mauvais choix est labsence de choix.»), Karl a glissé vers un énoncé à trou, appelant le lecteur à choisir par lui-même (en tournant une roue). Lénoncé de Nothomb sen retrouve alors malmené, mué en jeu il devient imprévisible La signature de laffiche (en bas) fonctionne sur le même principe.
Yoann Hospitalier


En réfléchissant à lambiguïté qui peut parfois se nicher dans les textes les plus sentencieux, Yoann en est venu a écrire quelques articles dune Déclaration sans nom ; déclaration absurde, certains articles posant problème, dautres complètement lunaires Chaque article reçoit un dessin de lettre assorti à son étrange candeur.
Adeline Cuny


De rebond en rebond, nous avons confié à Adeline et Thibault un texte de Daniel Paris-Clavel écrit pendant les émeutes de banlieue À lorigine intéressée aux calembours, Adeline a finalement renchéri sur la puissance du texte, à travers une composition violente, mettant à mal la lecture, mal à laise le lecteur.
Thibault Dang Van Sung


Du texte bouillonnant, Thibault est resté «bloqué» sur lapostrophe entamant nombre de discours de politiciens («Français, Françaises») et, se focalisant sur le vide de sens de ces mots, les a repris comme entête pour un formulaire des plus moribonds.
En conclusion, répétons que nous nous sommes beaucoup amusés à Chaumont (!) le déroulement des workshops durant le festival y étant pour beaucoup, lambiance studieuse des journées sétant très bien prolongée vers des découvertes enrichissantes (via les expositions ou les conférences chaque soir) et des soirées festives, tout ça ayant permis de créer une ambiance festivalière et une réelle complicité entre toutes les personnes présentes lors de la semaine. Un grand merci à léquipe du Festival pour cette invitation et un grand chapeau tiré à Anne Legrain pour lorganisation (inévitablement sportive) de ces workshops.