pélerinage et passion


Mon cul c'est du tofu vient de mettre en ligne une sympathique interview (en anglais) d'Eric Isaacson, l'un des fondateurs du disquaire-label ricain, Mississippi records. L'occasion d'écrire quelque mots sur ces fondus de la compil', avec pour preuves quelques images (trouvées sur le blog de Root Strata) issues de leur collection impressionnante de mixtape ethno-sociologiques plutôt iconoclastes en la matière.

Basé à Portland, ce collectif s'est construit une très solide réputation de défricheur de perles sonores rarissimes, histoire de "donner une voix à la musique oubliée des États-Unis et bien plus encore". C'est en lisière, complètement en marge de la distribution industrielle à grande échelle que la diffusion des disques et cassettes Mississippi se fond sur un modèle autonome et artisanal tant par la radicalité plastique du graphisme que par les traces sonores imparfaites, parasitées par le temps.
Clairement "une partie importante de la musique que nous aimons n'est pas numérique, seulement 5% de la musique enregistrée avant 1980 est disponible en ligne", face à ce constat, un véritable travail de fouille de greniers de l'amérique — mais pas que — s'accompagne d'auto-édition de très nombreuses compilations étranges (traditional, cajun, zydeco, gospel, folk, improvisation...) non-manufacturées aux couvertures photocopiées et griffonnées de quelques mots sur les contextes particuliers des enregistrements retrouvés, leur mode de réalisation et autres bribes d'informations côtoyant les croquis/collages.

"Il existe déjà des millions d'enregistrements à écouter et distribuer. Les ignorer c'est insulter ces ancêtres qui ont pris la peine de les faire."
Ils s'agitent ces partisans de l'utilité du vinyl où l'objet disque n'est pas un produit de luxe fétichisé mais une façon "entière" de préserver des informations et de lutter contre l'obsolescence et la consommation des mass-media en redonnant une qualité et une cohérence sociale à la musique ainsi qu'à l'art de la partager.
On entrevoit presque dans cette quête folk, loin de l'image d'Épinal, une façon de ré-interroger le rôle des héritages culturels dits populaires même si les États-Unis ne sont pas les plus à plaindre en la matière. La reconnaissance du folklore musical états-unien, notamment par l'histoire du blues, semblerait déjà bien en marche au regard de notre frilosité française à le prendre réellement en compte. Il semblerait qu'en France, en général, c'est cantonné à un imaginaire passéiste empreint de mystère et de doute qu'il subsiste péniblement dans son coin.
Qu'évoque aujourd'hui la musique des monts d'Auvergne?... à suivre.