Tentative de photographier Monozukuri, façons d'impression


Je me souviens que lors d'un cours de typographie, Alexandre Dimos nous avait projeté ce mini film de Charles et Ray Eames nous invitant ainsi à penser la façon de photographier les livres et images ou tout autre travaux graphiques d'ailleurs. Porter un regard sur l'objet dans un rapprochement franc et appuyé, c'est aussi faire un choix de montrer quelque chose de particulier, une intention, un point de vu.


J'avais ces images en tête lorsque je me baladais dans ces pièces datées aux papiers peints rétro de la banque de France de Chaumont où se tient actuellement le deuxième volet de l'exposition Monozukuri dans le cadre du festival international de l'affiche et du graphisme. J'y pensais car j'essayais d'attraper avec mon appareil l'amusement que j'avais à découvrir ces pépites graphiques en me souvenant des Eames et de leur vidéo, ce mélange entre plaisir de la manip' et observation attentive de ce qui se passe dans une proximité du geste.
Je ne vais pas ici revenir de façon très raisonnée sur la qualité de cette exposition conçue par Thierry Chancogne, Sacha Léopold, François Havegeer (ainsi que Lionel Dinis Salazar pour le mobilier), d'une part parce que d'autres l'ont déjà bien expliquée à cet endroit, et aussi parce que, focalisé sur mon objectif photographique, je n'ai pu prendre de notes. Je me suis alors jeté sur le catalogue, bien fichu (là aussi le parti pris de la reproduction des ouvrages est singulier) et plutôt bon marché pour récupérer l'ensemble des références et les commentaires méticuleux des commissaires.

Deux mots quand même pour situer l'histoire. Il s'agit d'une sélection et présentation de livres contemporains aux caractéristiques de façonnage originales qui témoignent de prises de risques des fabricants, graphistes et éditeurs tentant de jouer avec les composantes de l'objet-livre pour bousculer les conventions — tout y passe; reliure, papier, pliage, découpage, format, matière, couleur... Il y'en a partout par terre! Il faut se baisser pour les regarder, s'agenouiller même pour ne pas passer à côté. Une fois à niveau, difficile de se relever, on va de table basse en table basse, se glissant d'un ouvrage à l'autre, d'une manipulation à une lecture attentive du détail. J'étais équipé de mon appareil photo, ce fut d'ailleurs la seule fois de ce week-end d'inauguration, donc c'est du brut de décoffrage sans légende ni commentaire que je tente un peu de me rapprocher de très prêt de cette bibliothèque d'esthète bibliogeek, usant jusqu'au bout de l'optique de mon capteur à deux doigts du flou.