Je m’aperçois que l’on n’a pas présenté ici notre dernière affiche! Et pourtant nous en sommes plutôt fiers! Elle a été imprimée chez Lézard Graphique en août et a été collée dans Fontenay-sous-Bois il y a bientôt un mois, autant vous dire que c’est déjà trop tard pour l’apercevoir en «vraie». Geoffroy et Nicolas, de passage à Paris il y quinze jours, ont quand même réussi à en dénicher une!



C’est une commande de la ville de Fontenay-sous-Bois, via Évelyne Chat. Pour sa dernière rentrée en tant que directrice de l’école d’arts plastiques municipale, elle a pu nous confier une affiche et le petit programme-tract associé. Depuis 2-3 ans, en constatant que cette affiche de rentrée n’avait pas d’influence sur la fréquentation de l’école, elle a pris le parti de produire des affiches qui soient plus «artistiques» qu’informatives.

Actuellement, avec Anne-Marie Latremollière, Évelyne prépare un cahier pédagogique sur la publicité, à destination des adolescents fontenaysiens ; et nous avons donc travaillé sur ce même thème. La publicit酠



Donc une affiche «anti»? Hum. Comme vous le savez, notre pratique graphique est plutôt d’accorder des formes et des couleurs aux choses que l’on soutient, que l’on désire, une lutte «positive» où, certes, nous connaissons nos ennemis (et leurs souhaitons une fin rapide et douloureuse), mais plutôt que de leur opposer une résistance frontale nous nous efforçons de travailler à côté, de rendre enviables et palpables les alternatives qui nous nourrissent. Tout ça pour revenir au fait que l’on ne souhaitait pas produire une affiche antipub «classique», disons didactique.

Comme autre point de départ, nous avions sous le coude le bouquin du Groupe Marcuse, De la misère humaine en milieu publicitaire (2004), incontournable essai sur le sujet. Dans l’introduction, on peut lire ces mots clairvoyants :
«La publicité est une arme du marketing, l’art de vendre n’importe quoi à n’importe qui par n’importe quel moyen. Précisément, c’est le marketing dans sa dimension communicationnelle. Passant notamment par le biais des médias, elle constitue l’archétype de la ‹com’›. La critique de la publicité doit donc se prolonger dans la critique du marketing et de la com’ — ces trois fléaux composent ensemble le système publicitaire. Mais ce système a été engendré par le capitalisme industriel, et il finance les médias de masse dont il oriente le contenu. Le problème ne se réduit donc pas à l’abrutissement publicitaire, il inclut aussi la désinformation médiatique et la dévastation industrielle. Il ne faut pas se leurrer : la publicité n’est que la partie émergée de cet iceberg qu’est le système publicitaire et, plus largement, de l’océan glacé dans lequel il évolue : la société marchande et sa croissance dévastatrice. Et si nous critiquons ce système et cette société, c’est parce que le monde se meurt de notre mode de vie



Je vous épargne les différentes étapes de l’élaboration de l’affiche et l’explication de sa construction dialectique et de ses choix esthétiques ; vos regards affinés peuvent s’en passer!
L’impression (sérigraphie) est en trois tons, un noir mat, un bleu et un rouge satinés.


Le flyer est une seconde image, à part entière. Nous sommes repartis de cette mascotte de poulet, mais en la traitant d’une autre manière ; du poulet lisse de paquet de céréales, on passe à un poulet «artiste». Un mélange étrange entre l’image d’Épinal du peintre inspiré devant son paysage bucolique et le dessin naïf de cartoon, dans une composition un peu loufoque qui invite avant tout à s’amuser!