«J’ai boucop d’histoire dans mon corps à dire», Jérémie Piolat sur Jef Klak



Un entretien de Jérémie Piolat, passionnant, à lire sur l'excellent site de la revue collective Jef Klak dont la version papier est disponible en librairie (le n°2 est sorti il y a quelques semaines).
D'ailleurs, certains membres de l'équipe étaient invités la semaine dernière avec ceux de Vacarme sur l'émission radiophonique Les Nouvelles Vagues, dont on ne parle pas assez ici malgré tout le bien qu'on en pense.

Pour revenir à Jérémie Piolat, il est question dans ce papier de décolonialité et de situation supracoloniale, de la langue, d'apprentissage concomitant, de résistance de la culture populaire, dont une définition tout à fait captivante figure au début du texte:
«Une culture populaire, pour répondre donc à votre question, c’est quelque chose qui ne s’apprend ni dans les conservatoires ni à l’école, en cours de philosophie ou de civisme, mais bien d’abord dans la famille, dans la rue, dans les fêtes cérémonielles, dans les quartiers. Elle n’est évidemment pas atemporelle, mais bien en relation avec les processus historiques et politiques en cours. Elle n’est pas non plus un ensemble de représentations et pratiques inconscientes dont seuls les anthropologues occidentaux seraient à même de dévoiler les véritables tenants. Une culture populaire, c’est quelque chose qui se transmet et se transforme en même temps, de génération en génération. Cela peut toucher à l’art d’accueillir, à celui d’habiter un environnement, de danser, de chanter, de conter, d’accueillir les nouveau-nés, de prendre en compte les étapes majeures de la vie.»

L'illustration, extraite de l'article, est un dessin d'Henry Ray Clark.

Lundi.am, ingobernables

Cette semaine vous pourrez trouver entre-autre sur lundi.am, un retour sur la manifestation de Francfort du 18 mars dernier et plein d'autres choses captivantes. Tous les lundis des nouvelles fraîches de ceux qui bougent. Extrait.

Dans un premier temps, à la fin des années 1990, les contre-sommets ont surpris les dominants. Passé leur premier désemparement face à cette étrange forme de surgissement politique, ils rodèrent leurs stratégies. D’un côté, l’Union Européenne pilota une infiltration massive des milieux concernés ; de l’autre, on déroba toute cible aux manifestants en se réunissant dans les lieux les plus reculés, voire en ne se réunissant plus du tout, du moins pas publiquement. Ainsi en juillet dernier, un sommet européen sur « l’emploi des jeunes » devait se tenir à Turin où devait être présentées le genre de « solutions innovantes » qui divisent votre salaire par deux ; il fut décommandé et déplacé, au vu de l’ampleur des manifestations qui s’auguraient. Draghi ayant eu l’idée stupide de faire de l’inauguration du nouveau siège de la BCE à Francfort une « grande fête populaire », il était devenu impossible de simplement renoncer à l’événement, sauf à concéder l’étendue de son impopularité. Il crut tout aussi bêtement qu’il désarçonnerait la contestation en se contentant d’inviter, à défaut de « grande fête populaire » en présence des chefs d’État de l’Union tout entière, les seuls banquiers centraux. Il n’en fut rien. Ce recul enhardit plutôt ses opposants.

Sin Dios — Ingobernables (2000)

Du management au travail



Petit état des lieux des logiques du management à l’œuvre aujourd’hui avec, en guise d’étude de cas, le conflit social en ce moment même à Radio France. «Février / mars 2015 à RadioFrance — Extraits d'Assemblées Générales et de rencontres entre les salariés et la direction de Radio France éclairés et analysés par Danièle Linhart et Vincent de Gaulejac, sociologues du travail.»



En contrepoint, le documentaire Le Bonheur au travail diffusé récemment sur Arte et visible en ligne jusqu'au 25 avril, rapporte des exemples d’entreprises et de services publics qui essayent de mettre en place des pratiques plus horizontales et plus épanouissantes pour chacun des travailleurs. C'est pas mal intéressant même si le tableau paraît des fois un peu trop beau!

Chauds Chauds les fachos!



Béziers, ses neuf écluses, sa quarantaine de caméras de vidéosurveillance et bientôt ses 80 barbouzes municipaux.
Ça fout la gerbe.

«Nous n’avons pas envie de nous engager.»



Jean-Jacques Pauvert, extrait de «Deux textes», 1947.
Citation qu’on trouve dans le numéro 18 d’Article11. La page en pdf ici.

Création, contribution et miche de pain



L'ami Jil Daniel, publie sur le très bon blog Strabic une réflexion esthétique et politique sur la notion de commun intitulée Cohabitation des sens, nous invitant pour l'occasion à dessiner quelques images en regard de son texte. Merci à lui, merci à eux.

Paroles ardentes



Jean-Marc Le Bihan de passage à Aurillac cet été.

Dazibao



Un peu d’histoire (et d’images!) avec un bon article sur la Révolution culturelle menée par Mao Zedong et l’usage des dazibao (ou tatzupao), tout d’abord comme procédé révolutionnaire puis instrument de propagande, puis à nouveau comme expression subversive… Sur le site du Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, site très riche!

«L’homme à la pancarte»

À quoi servent les manifestations? À faire de belles images, entre autres.
Il y en a un qui l’a bien compris, ses pancartes on les voit très souvent, et je ne suis pas le seul à m’être interrogé sur l’omniprésence de ce photogénique manifestant à la pancarte colorée…



Mais de la même manière qu’avec les Femen, on se demande si l’utilisation d’une même recette pour défendre toutes les causes dans un cadre médiatique bien rodé (Debord reviens! ils sont devenus fous!) ne tend pas à délayer ces sujets de lutte… Quand bien même, on peut toutefois apprécier le travail de cette personne des plus motivées, sa trouvaille graphique percutante et bien maîtrisée.

Démantèlement du bourrage de crâne contre le régime des intermittents



Répiqué sur le blog de la Folie Kilomètre, ces deux vidéos réalisées par le CIP-IDF (Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France) décortiquent les mensonges et manipulations sur lesquels reposent la future ré-négociation du régime spécifique des intermittents du spectacle (plus précisément les annexes 8 et 10 de la convention de l'assurance chômage).
Pour celles et ceux qui (comme moi) y comprenaient pas grande chose, ça vaut le coup de prendre le temps de se mettre à jour! Solidarité avec les copains du spectacle!





Notre-Dame-des-Landes, un reportage



Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, vu que les médias dominants ne relayent quasiment pas l'info, se jouent à 30 km au nord de Nantes une des luttes politiques et écologiques majeures de ces dernières années. Notre-Dame-des-Landes est devenue le lieu de résistance à la création de l'aéroport Grand-Ouest, colossale infrastructure, équipement capitalo-technologique de pointe étiqueté «développement durable» haha!!

Pourtant cette lutte a déjà plus de trente ans, un passé de résistance énorme depuis la naissance du projet d'aéroport et la déclaration par les habitants, associations et militants d'une Zone À Défendre, car cet espace marécageux à la biodiversité remarquable abrite un nombre important de terres maraîchères, d'espèces préservées, de paysans et d'habitants amoureux de cette nature qui n'ont certainement pas envie de laisser la place aux tonnes de béton morbide. Cette ZAD a depuis accueilli de nombreuses personnes venues s'y installer, par résistance, solidarité et pour y expérimenter d'autres façons de vivre, d'autres autonomies et surtout soutenir les locaux en travaillant la terre, installant par-ci par-là cabanes et autres logements éco-construits pour s'implanter durablement.

C'est pendant la campagne présidentielle de 2012 que la chose prend un tournant médiatique. Certains candidats en campagne viennent soutenir les squatteurs (Parti de gauche, Europe-écologie-les-verts), mais la position du Parti Socialiste reste controversée car le principal acteur politique du projet, Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, soutient la création de l'aéroport depuis le début en prônant l'innovation technologique de pointe «green» et le développement économique régional sans précédent.
Depuis, silence radio, Ayrault est devenu premier ministre, la concession de l'aéroport revient à Vincy, et il y a plus de dix jours une importante vague d'expulsion est organisée par le ministère de l'Intérieur visant à déloger les squatteurs à la veille de la trêve hivernale (palme de la trahison à Cécile Dufflot, ministre du logement et étiquetée EELV). Quelques jours plus tard et assez naturellement, s'organise la ré-occupation des lieux.

Je vous passe les détails et les histoires nombreuses, à la fois passionnantes et flippantes et vous conseille de regarder cette vidéo vraiment bien menée qui témoigne de l'absurdité de la situation et dénonce en même temps un système de répression toujours autant démesuré.

La vidéo au-dessus relate les évènements récents. Je l'ai trouvée via Bastamag!
Ici, le site des occupants de la Zone À Défendre et le 17 novembre aura lieu une grande journée de manifestation pour la ré-occupation des lieux, moi j'y vais!
Je vous renvoie aussi à la revue Z n°4 qui avait fait tout un numéro sur Nantes dont une grande partie est consacrée à Notre-Dame-des-Landes.

«L’État et les banques, les dessous d’un hold-up historique» (Étienne il est chaud.)

Une double conférence par Myret Zaki et Étienne Chouard, qui raconte très bien comment la «crise» européenne a été provoquée — après la crise des subprimes américains — par les spéculateurs (dans leur intérêt naturellement) et comment tournent très mal nos «démocraties représentatives», notamment depuis qu’elles ont abandonné leur souveraineté monétaire au profit des marchés. Et le bouillonnant Étienne Chouard de prolonger avec des propositions politiques concrètes… (Qui ne sont pas sans raisonner avec les opinions d’un Jacques Rancière.)



Attendons de voir ce que le président rose pourra bien faire comme «changement». Enfin non, n’attendons pas, continuons les combats!