Le Radeau a ouvert ses portes

Ouvert pour trois semaines il y a une dizaine de jours, le Radeau se trouve dans le haut de Saint-Martin, à Brest. Sur un mode intense et court, à la manière de squats anglais, ce lieu politique est ouvert pour ''«qu'au grand jour, on puisse partager des bribes de luttes, de pratiques et de modes de vie. Nous ne voulons pas que les prochaines semaines se résument à aller déposer à la va-vite un bulletin dans une urne. Cette ouverture est un moment pour parler politique, en se débarassant du sentiment de n'être que spectateur du grand événement national.»''

«Nous souhaitons durant ces trois semaines revenir sur des luttes qui marquent ou ont marqué l'actualité locale. Luttes menées par les chômeurs contre l'isolement imposé par Pôle emploi, luttes des sans-papiers (sur les questions de logement au cours des derniers mois), lutte contre la fermeture du centre de planification de Kerigonan ou celle en devenir contre la centrale à gaz qui doit se construire à Landivisiau. Brest, la dite métropole océane, s'apprête à se draper de ses plus beaux vêtements pour les fêtes nautiques et à danser aux vibrations du tramway. Pourtant, nous voyons une ville où on ne peut plus coller des affiches qu'aux maigres endroits autorisés, sous peine de verbalisation, et lorsqu'on arrive à sortir de ce chemin bien tracé, les équipes municipales s'empressent de tout nettoyer. Une ville où les CRS, depuis quelques semaines, assainissent l'axe Siam-Liberté-Jaurès à coups de contrôles au facies. Une ville où il devient difficile d'accéder gratuitement à des lieux où organiser des discussions, des concerts ou des bouffes.»

Des thèmes que l'on retrouve dans le dernier numéro d'Existence! qui sort pour le 1er mai, mais aussi dans le prochain numéro de la revue Z que nous confectionnons en ce moment. Une partie de l'équipage du Radeau s'y fend d'un article sur le projet de centrale à gaz en Finistère.

La programmation du lieu est riche, on la retrouve sur le site ouvert pour l'occasion. Ce jeudi après-midi, c'était sérigraphie et composition typographique avec des caractères en bois et une presse à épreuves. Une bonne odeur d'encre typo, d'acétone et d'huile de coude, du vrai travail!

Elle est bientôt finie cette nuit du Fouquet's?


Mercredi 7 mars, une centaine de chômeurs investissent le Fouquet's. Parmi eux les copines et copains de l’Apeis et leur journal —Existence! (avec ici un poster que nous leur avions dessiné il y a quelques temps).
On peut lire sur le blog de Chéribibi, le récit de cette manifestation avec la gouaille ivryenne de Daniel.



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«Un an après le début de la catastrophe», manif anti-nucléaire dimanche



Rendez-vous à 14h30 à la Gare du nord (Paris). Nous en avons fait l’affiche et voici un texte communiqué par l’Assemblée francilienne contre le nucléaire.

Nous étions jeunes quand la catastrophe de Tchernobyl a eu lieu. Nous avons grandi avec tous les cancers, toutes les malformations qu’ont encore à subir les populations de là-bas. Nous avons grandi avec cette idée que des pans entiers de territoires seraient sacrifiés, presque à jamais, pour les besoins de l’industrie atomique.

Nous aurions pu oublier cette catastrophe, oublier qu’un des 58 réacteurs français pouvait à son tour exploser, à Lyon, Toulouse, Paris ou Bordeaux.

Ce qui arrive aux japonais, nous arrive également. C’est notre bouffe qui est empoisonnée, ce sont nos frères et nos sœurs qui tentent d’atténuer les conséquences de la catastrophe en cours. Près de 400 000 personnes sont déjà intervenues sur les réacteurs de Fukushima-Daïchi — ce sont nos amis, nos proches, qui sont voués à mourir à petit feu. Les frontières, les milliers de kilomètres ne sont pas des obstacles à notre empathie. Il n’y a pas d’exotisme de la situation japonaise : car c’est une société nucléarisée, comme la nôtre.

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We are the 99%

J’ai croisé ces images sur le site de l’Humaginaire il y a quelques semaines, j’ai omis d’en parler ici alors même qu’elles sont d’une force qui m’a vraiment interloqué. Toutes ces images, des doléances pour la plupart tendues devant les corps de leurs auteurs, photographiées et réunies sur le blog We are the 99 percent (qui est considéré comme l’un des principaux leviers du mouvement éponyme, en août dernier), forment une expression populaire surprenante et vibrante — et qui se poursuit encore aujourd’hui. Une vraie leçon.



Sur le même sujet, il y a aussi ce petit article d’André Gunthert.

Projection sauvage

Mi-juillet à Bordeaux, je prends une bière à la terrasse d’un café de la place Saint-Michel. Contre un mur un drap blanc est tendu, face à lui quelqu’un installe un vidéo-projecteur puis une paire d’enceintes. La nuit tombe, la lueur des images apparaît sur la toile. Quelqu’un d'autre déroule un carré de moquette. Trois personnes s’assoient. D’autres les suivent. On les rejoint.

Place Saint-Michel, Bordeaux, juillet 2011

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Elle est pas belle la France?


Michel Quarez, affiche éditée en 1998 par le Collectif des maires d’Île-de-France soutenant les propositions du Collège des médiateurs des sans-papiers, éditée en 2011 parmi une série de cartes pour D’ailleurs nous sommes d’ici.

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À voir, «La Machine à expulser», un bon webdocumentaire sur la politique d’arrestation, de rétention et d’expulsion vigoureusement en œuvre dans notre cher petit pays. Cela depuis la loi Sarkozy de 2003 et son application brutale, menée par cette même vermine et que l’on nomme aussi «politique du chiffre». Un travail de Julie Chansel et Michaël Mitz, très clair, très pédagogique, très frappant. Merci Antimollusques pour le lien.



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Nucléaire! Nucléaire?



Publicité Euro RSCG C&O – Addict – H5.

Tout est sous contrôle, par Hervé le Crosnier, Puces savantes – blog du Monde diplo –, 15/03/2011.

Entre silence et mensonge. Le nucléaire, de la raison d’état au recyclage «écologique», par Charlotte Nordmann et Bernard Laponche, La Revue Internationale des Livres et des Idées, 25/03/2010. (via Rezo)


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L’étude prospective de la gendarmerie sur les nouveaux rassemblements de personnes dans l’espace public

Pour faire suite à ma ’tite prise de parole d’hier, pendant la discussion suivant la présentation du boulot de Ne pas plier et de Gérard Paris-Clavel dans le cadre du cycle de conférences Art[espace]public, voici un excellent document qui finit de déconstruire «le business du militantisme marketing» du collectif Jeudi Noir (collectif que j’ai moi-même fréquenté il y a petit moment).

L’analyse très bien renseignée ne vient bizarrement pas d’un des nombreux militants enthousiastes qui, comme moi, ont pu participer à des actions Jeudi Noir (ou de Génération précaire, ou de Sauvons les riches… les mêmes trois-quatre personnes étant aux manettes de ces différents «collectifs»), avant de vite prendre ses distances avec ces coquilles presque vides. Non, on doit cette analyse critique sur «les nouvelles formes de regroupements de personnes dans l'espace public» au Centre de Prospective de la Gendarmerie Nationale!
Une lecture synthétique de ce très riche rapport (préparant de nouvelles stratégies de coercition) est à lire dans cet incontournable article du site de l’Interstice. (Jeudi Noir étant rangé dans le troisième chapitre intitulé «Mensonges, business et récupération».)



Une image piquée lors de la présentation de Gérard, une manifestation de l’APEIS (association pour l’emploi, l’information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires) où une grande photo d’une occupation d’Assedic est brandie par des militants, prolongeant l’émotion et la force d’une telle action et dupliquant la visibilité de ces corps en danger et unis.

J’évoquais cette supercherie en rebond à une prise de parole faisant l’éloge des formes d’actions joyeuses et visibles de Jeudi Noir (sans bien sûr évoquer les procès perdus et les squatters aujourd’hui condamnés à de lourdes sommes quand on leur avait promis qu’ils ne risquaient rien, «ici on fait du militantisme rigolo») et opposant ce type d’happening à ce que le Spectacle a progressivement réussi à décrier comme sclérosés et ringardos (syndicats, partis, associations institutionnelles…) Le problème ainsi posé rejoint exactement le jeu du commerce et des médias dominants qui font la part belle à «ce qui bouge» et bien sûr jamais à ce qui dérange vraiment (ou même à ce qui pourrait faire simplement réfléchir).

Si les travaux de Ne pas plier – ou de Gérard Paris-Clavel seul – sont eux aussi concentrés sur le visible, ils sont toujours intensément politiques, résistants (aux formes du commerce notamment) et intelligents (la forme ne prenant jamais le pas sur le sens)… Et ils s’ancrent dans des solidarités et des luttes de longue date, mûrement construits, appuyés fièrement sur une histoire populaire. Tout cela nous éloigne considérablement des opérations de buzz à l’œuvre dans le «guerilla marketing» ou chez Jeudi Noir.

L’Humaginaire avec les Pinçon-Charlot et la résistance avec la Coordination des intermittents et précaires



Grouillez-vous de rejoindre le kiosque le plus près de chez vous avant sa fermeture, sans quoi vous n’aurez pas le droit à un 4 pages de l’Humaginaire (dans l’Humanité donc) consacré au couple de sociologues français le plus célèbre (mais pas encore assez), j’entends causer de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon.
Leur dernier bouquin, Le Président des riches, fait actuellement un tabac avec ses 100.000 exemplaires déjà vendus. Et c’est sans perdre de l’humour et de la percussion de ces sociologues de la classe dominante, que Thomas Lemahieu nous narre quelques jours passés à les suivre de conférence en conférence. À l’image, c’est Gérard Paris-Clavel-qui-lutte-des-classes qui s’y colle et glisse quelques uns de ses signes et une pincée de mots (lui-même avait ouvert avec Thomas les pages de l’Humaginaire en décembre 2009)… Et le tout forme un reportage bien rafraichissant, qui appuie bien sur la nécessité pressante de revenir à une pensée politique de classes sociales.

(Aussi vous avez un bon petit documentaire, Voyage dans les guettos du gotha, qui se visionne avec un plaisir comparable!)

Dans un mois nous devrions remettre le couvert avec le collectif citoyen du Tambour des doléances, pour un 4 pages cette fois consacré à l’action du Tambour des doléances donc. (Faut suivre.)



Et puis sinon il y a urgence côté de la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France (CIP-IDF) qui risque l’expulsion d’un jour à l’autre. Alors vous pouvez signer leur pétition, laisser un numéro de portable pour venir prêter main forte en cas d’expulsion, et aussi lire le papier de Jean-Baptiste Bernard sur le site d’Article11 à ce sujet.

Cycle de conférences Art [espace] public 2011



Bon, toutes les infos principales sont au-dessus et pour le programme détaillé suivez le guide. Merci Mélanie pour cette chouette info.
(Attention c’est sur inscription.)

Onde révolutionnaire!



SébastienMarchal-OndeArabe.pdf

Sébastien Marchal a créé cette image en écho aux mouvements populaires et révolutionnaires qui secouent actuellement le monde arabe.
Quel début d’année explosif et réjouissant ont ouvert les courageux Tunisiens, Algériens, Yéménites, Jordaniens et Égyptiens! Des personnes qui se réunissent et redonnent tout leur sens au mot de peuple. Des peuples bien trop las du dictat politique et de la corruption économique de leurs oligarques. Des peuples en ébullition, qui déploient une énergie rageuse et qui donnent bien des espoirs et des envies après avoir assisté, dubitatifs, amers, à l’étouffement des mouvements sociaux européens (grec, irlandais, français, anglais, italien, portugais, belge ou espagnol).
Pourvu que cette onde vibre encore et encore!



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Je t’aime mon peuple (progressiste/révolutionnaire)



Comme on le sait, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres est un acte de désespoir atroce (que d’autres ont reproduit depuis), l’immolation par le feu d’un jeune chômeur diplômé, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010. Partant de Sidi Bouzid, la révolte a enflammé en quelques jours toute la Tunisie, et renversé en à peine un mois un dictateur au pouvoir depuis 23 ans, soutenu pourtant par les pays occidentaux (à commencer par la France) jusqu’à la dernière minute. Durant ce mois, la communauté tunisienne en France a été sur le qui-vive, organisant protestations et mouvements de soutien, avec l’aide des forces progressistes françaises.

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