Un logo pour sa ville

www.logo-de-ville.fr


L'an passé, lors de notre travail sur la communication des institutions politiques, nous avions relevé la «marée» de logotypes arrivés dans les collectivités territoriales entre les années 80 et 90. Aujourd'hui il n'y a pas la plus petite commune qui ne possède pas son logo. Si on remonte un petit peu l'histoire on constate que les logos sont à l'origine un outil d'identité visuelle, de «branding», pour les entreprises industrielles. Ce n'est que tardivement que la culture du logo est devenue telle que son utilisation se répandit dans les institutions publiques, d'une manière souvent caricaturale.

Dans l'élaboration même du logo on n'échappe pas à la caricature du signifiant. L'usage immodéré de coups de pinceaux vectoriels pour évoquer le dynamisme, de ronds pour l'harmonie, de ligne pour la rivière et de vert pour la nature produit des logos brouillons et sans saveurs.

L'association Ne pas plier a collecté de nombreux logos de villes pour une étude dénommée «logotomie des villes». Jean-Pierre Grunfeld y affirme qu'«on n'est pas surpris de constater une tendance lourde à l'unification et à la pauvreté sémantique. Les villes ramenées à des objets, à des marchandises se trouvent mécaniquement traduites par des icônes simplistes».

Ces logos, bien souvent anecdotiques puisque communs, sont cependant argumentés avec force et conviction par les élus. La foi du politique dans les formes du commerce et dans leurs prétendues efficacités s'explique en partie par l'hégémonie de l'imaginaire du marketing.
D'autre part, l'importance grandissante accordée à la communication se double d'une méfiance envers les images. Peu éduqués, voire pas du tout à celles-ci, les élus n'en usent que de façon utilitariste et souvent morale. Le partage du sens et de la parole, fonction première de l'image, leur échappe quand ils ne font de la communication qu'un moyen d'assurer leur légitimité et leur réélection.
C'est en s'inspirant des formes et des discours qui les accompagnent que nous avons imaginé ce générateur de logos de ville et de présentations.


La Logotomie des villes de Benoît Eugène, Gérard Paris-Clavel et Jean-Pierre Grunfeld, aux éditions Ne pas plier, 2002.

Le générateur est programmé par Geoffrey Dorne et est encore en cours d'amélioration (au niveau de la typo notamment).

Les affiches de Pesaro

Nous initions la nouvelle rubrique Intérêt public avec un travail que nous nous remémorons fréquemment. Il s'agit de la collaboration très vivante et très longue entre un graphiste, Massimo Dolcini, et une ville, Pesaro en Italie. Cette initiative dans le champs de la commande publique semble aujourd'hui encore extraordinaire. Ainsi, à notre avis, elle reste un très pertinent exemple d'une création graphique et politique.
Ce travail est décrit dans le catalogue de l'exposition Images d'utilité publique (1988, Centre Georges Pompidou), ouvrage collectif que nous avons beaucoup cité dans notre mémoire. Un grand merci à Marsha Emanuel pour nous avoir offert ce catalogue (également disponible à la bibliothèque de l'Ensad).



«À Pesaro, le centre de consultation familiale est situé au 32 via Nitti», 1978.

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Bourgoin-Jallieu

Pour marquer la "formidable évolution de la ville", la mairie de Bourgoin-Jallieu a décidé de changer son logotype. Et c'est, non sans humour, qu'elle a choisit la proposition de Pascal Le Coq. Elle devient ainsi, d'après son auteur, la "première ville du monde ayant accepté d’acquérir le statut d’œuvre d’art pour tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle contient."

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Citoyen-graphiste — Partisan de l'intérêt public



Précédemment disponible en pdf, notre mémoire est désormais entièrement à lire en ligne sur le site de l'atelier
http://www.formes-vives.org/atelier/?category/Citoyen-graphiste

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Après avoir collaboré sur divers projets, Nicolas et moi nous sommes retrouvés à l'occasion de notre mémoire de 4e année des arts décos. Pendant près de 4 mois nous nous sommes attelés à affiner notre compréhension des pratiques des institutions publiques en matière de communication.
Un sujet qui nous concerne en tant que graphistes mais aussi, et surtout, en tant que citoyens.
En partant de ce qui nous entoure, nos lieux de vie, nous avons esquissé un inventaire des matériaux graphiques qui nous sont destinés (identités visuelles, journaux, affiches, etc.). Nous nous sommes intéressés aux mairies d'Ivry, de Créteil, de Paris, de Brest, à la région Île-de-France ; autant d'organisations qui ont des fonctions de représentations et de services, et non pas de vente.
Nous avons remarqué que la production de discours (mots et images) par les institutions publiques se substituent bien souvent au sens des actions de la collectivités. Elles cherchent, par l'utilisation des formes marchandes, à légitimer leur position. En jouant le jeu de la publicité et du marketing, elles discréditent encore plus un système certes imparfait mais aussi, parfois, généreux.

Si l'on estime qu'une région, une ville, un quartier, ne sont pas des produits de consommation, si l'on estime que le rapport citoyen—élu n'est pas réductible à une enquête de satisfaction, alors il faut arrêter de reproduire les logiques de la réclame.
Le travail de recherche et de critique que nous avons fourni via ce mémoire peut être vu comme le démarrage d'une pratique lucide de la communication visuelle. Bien sûr nous ne sommes pas les premiers à prendre une telle position. Ainsi notre mémoire rend compte de l'évolution de la communication à travers l'Histoire (lire L'achat de la paix sociale et Éléments de chronologie).
Nous avons également laissé la parole à trois praticiens : Jean-Pierre Grunfeld, Pierre Bernard et Gérard Paris-Clavel. Ces trois entretiens forment en quelque sorte le cœur du mémoire.

Bonne lecture.

Pourquoi le design ne sauvera pas le monde, version papier

Voici donc, après la publication ici même de l'article de David Stairs en français, sa version papier mise en page par mes soins, facile à imprimer et à faire lire à tous les professionnels (dignes de ce nom) et aux élèves de design industriel, architecture, design graphique, etc. [sic sic sic].

Télécharger Pourquoi le design ne sauvera pas le monde au format pdf, préparé pour une impression sur deux pages A4. Les adresses internet présentes en bas de page sont «cliquables».

Photo à gauche, David Stairs (gauche)
et James Lutwama en Ouganda, 2001.

David Stairs, Pourquoi le design ne sauvera pas le monde

Paru le 20 août 2007 sur le site Design Observers,
Why Design Won’t Save the World de David Stairs.
La version originale est à lire ici.

Cet article n'a certainement pas d'égal, en français comme en anglais,
c'est pourquoi je l'ai traduit pour ne rien en perdre et vous le soumettre.
David Stairs s'appuie sur la critique d'une exposition d'ambition philanthrope pour démonter le raisonnement naïf des designers occidentaux face à des causes et des cultures qui leurs échappent. Mais il ne s'arrête pas là et propose de réelles solutions auxquelles il participe déjà.

Pour ceux qui préfèrent, une version pdf réalisée pour rendre la lecture
plus agréable et l'impression facile est disponible là.


Reconstruction du village de Kalametiya après le passage du tsunami, Sri-Lanka, 2005

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Les plaques de rue d'Istanbul

Lors de mon petit voyage à Istanbul j'ai publié une longue suite de photographies de cette ville et de ses habitants et j'ai aussi montré leur signalisation des rues, particulièrement bien pensée pour se retrouver un peu mieux dans cette ville très grande, de plus en plus touristique et très piétonne.


Dans Istanbul les anciennes plaques de rues — qui ressemblent aux nôtres — sont remplacées par de nouvelles. Celles-ci intègrent des informations supplémentaires assez pratiques, surtout dans une ville labyrinthique : ni un Baron Hausmann, ni une grille américaine n'est venu faire du rangement dans cette très vieille ville d'Istanbul. À noter que le programme de signalétique comporte aussi des petites plaques (également rouges) pour les numéros des maisons et immeubles.

Je vous décrypte la plaque ci-dessus.

• Camekan sokagi : le passage Camekan (le passage vitrine?).

• 1 > 9 : le sens de la rue, dont le premier numéro en partant du panneau sera le 1 et le dernier numéro de la rue sera le 9.

• Berrreketzade mahallesi : le nom de la rue sur laquelle on va tomber si on suit Camekan sokagi.

• Beyoglu : le nom du quartier dans lequel on se situe.

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