Le vol noir des corbeaux sur la Plaine

Un bon papier de la plume érudite d’Alessi Dell'Umbria sur ce qu'il se trame en ce moment en plein cœur de Marseille, sur La Plaine, place populaire qui vivait au rythme de son marché débordant jusqu'à jeudi 11 octobre et la pose de barrières de béton, premières pierres d'un chantier détestable.



Pour suivre les actions de lutte en cours, il y a le site « La Plaine, on est là! » animé par l’assemblée de La Plaine, aux avant-postes de la résistance depuis qu'ont été révélées les premières intentions de la mairie pour dégager la vie populaire de cette place.
Le journal d'octobre de La Plaine fait un bon récap aussi. Maquette et couverture c'est Kiki.

Féministe toujours — l’abécédaire de Christine Delphy



Le passionnant abécédaire féministe de Christine Delphy avec Sylvie Tissot (2015) est mis en partage cet été sur Les Mots Sont Importants (lmsi.net).

J’apprends plein de choses, trouve des éclairages sur des questions gardées en suspens, ce qui complète des grandes et petites discussions et des lectures plus ou moins récentes, qu’on aurait bien sûr pu évoquer ici aussi (Caliban et la Sorcière de Silvia Federici, Rêver l’obscur de Starhawk, la revue Z n°10 sur le sexisme, Les Joies d’en bas de Nina Brochmann et Ellen Støkken Dahl, par contre je n’ai toujours pas lu le rapport Hite!)

Et sinon, sorti d’Avignon cet été, très fort :



Illustration ci-dessus, Le Torchon Brûle n°1, printemps 1971. « Il est nécessaire que ce pouvoir que nous nous sommes données de faire un journal soit un pouvoir auquel toutes les femmes puissent accéder. Depuis longtemps la parole, la créativité, l'initiative sont monopolisées par les hommes. Si nous prenons la parole maintenant, nous utilisons leur langage parce que nous devons en passer par là si nous voulons rompre notre silence en revendiquant notre vide. Chaque article de ce journal est une victoire parce qu'il est un cri de révolte, jailli des gorges des femmes. »
cf le site de Raymonde Arcier.

La Marche des Migrants, à Marseille ce weekend



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L’état livre sa guerre à la ZAD



« Ces chairs blessées, ces morts possibles dans l’acharnement policier sont désormais le prix que l’État macronien est prêt à payer pour ne laisser aucune place à un espace d’expérimentation collective, pour enrayer la solidarité. »
Pour suivre : Zad Nadir, Reporterre
Une grande pensée à tou·te·s les copains·copines sur la ZAD actuellement. Le massacre en cours est terrible, leur résistance est si belle, folle, importante, épuisante. Dans cette zone d’utopies, de vie collective, de travail de la terre, de réenchantement du monde, l’État policier a amené la guerre depuis 3h du matin lundi, voilà le sang, la douleur, la destruction. Grenades explosives en tir tendu et continu, flashball, ciel imbibé de lacrymogène, hélicoptères pour semer la peur et empêcher le repos, pelleteuses et bulldozers pour écraser les humbles et jolies cabanes. 2500 militaires, irréel, mauvais rêve. Accès à la zone quasi-impossible, ça s’appelle un siège, une nasse sur plusieurs hectares. Des milliers de grenades, et encore et encore des grenades, les fabricants d’armes s’en frottent les poches, c’est bon pour la croissance. L’État bon père de famille qui parle toujours d’économie ne dira jamais combien coûte un tel gâchis, un tel carnage. L’État judiciaire laisse faire et prépare même sans doute quelques punitions cyniques au profit de ses chiens de garde. Les tas de journalistes regardent à côté, parlent d’affrontements quand il y a harcèlement, agression, manipulation de masse, mépris des lois, méprise de la vie. Pacha Mama tu tournes encore et on se demande pourquoi comment.

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Pas Res Nos Arresta, une cabane contre leur croissance verte



Parmi les groupes présents à la Fête de la Montagne Limousine, le weekend dernier à Nedde, il y avait des personnes venant de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, de Bure, de Marseille, des environs du plateau de Millevaches bien sûr… et de l’« Amassada ». Nous étions quelques uns à qui l’Amassada parlait pas trop, heureusement ce film (projeté le samedi) arrivait à point nommé. Un film pas mal foutu, content de voir au passage que les Synaps (connus entre autres pour leur Cinéma Voyageur ou le docu Mouton 2.0) sont toujours sur la brèche!

« À l’ère de la transition énergétique pour la soi-disant croissance verte, RTE tente de s’approprier les terres de deux jeunes agriculteurs, à Saint-Victor dans le Sud-Aveyron, pour implanter un transformateur électrique de sept hectares. Ce transformateur redistribuerait sur le réseau international du commerce de l’énergie, la production de 1000 éoliennes en construction sur les crêtes de la région.
Alors que la municipalité de Saint-Victor et la majorité des habitants sont contre le projet ; les machines invasives de RTE et des promoteurs avancent, appuyées par les services de l’État.
Au premier jour de l’hiver 2014, une cabane nommée l’Amassada se dresse sur les terres convoitées. Les rencontres, les liens, les résistances s’étendent et s’intensifient. Nous sommes au futur, voici les éléments qui se défendent aujourd’hui. »

Continuons le début!

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«Ce qui est décrit dans les médias comme “violence” est vécu dans la rue comme détermination, comme rage, comme sérieux et comme jeu.»



Un tract. Quelques mots frappeurs. À lire.

Carnaval anti-aéroport à Rennes


Ça semblait motivé, festif et sportif, c’était à Rennes le week-end dernier.
Un copain était sur place et nous a ramené quelques souvenirs.
Un compte-rendu des évènements ici.

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Il faut défendre la zad

Si nous vivons, nous vivons pour marcher sur la tête des rois.
Shakespeare



La dernière livraison du collectif Mauvaise troupe est un trésor nécessaire pour revenir sur la lutte contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Il y a aussi Musica Populara: Une compil' pour la ZAD.
Elle est encore disponible, uniquement en version vinyle.
Pour tout savoir sur son contenu, allez lire l’article de CQFD.
Quelques titres sont disponibles ici.
Vendu 10 euros, le disque a été tiré à 500 exemplaires. L’argent récolté sera versé à l’association Vivre sans aéroport et au Comité de soutien aux inculpés. Jusque-là, la vente des disques a rapporté 2700 euros.
Les commandes sont à passer à: bellish@riseup.net.

Lundi.am revient sur le procès et les expulsions prononcées hier.
On ne lâche rien.

image: Quentin Faucompré

Hyperville! Cabane d’édition?



Depuis quelques mois, nous sommes un petit groupe à plancher sur le démarrage d’Hyperville, qui tout d’abord (il y a moins d’un an) a été mis en place par le Collectif ETC pour diffuser son livre auto-édité Le Détour de France. Mais très vite Hyperville s’est trouvé d’autres motivations… 

Avec Édith Hallauer (Strabic, collectif Bim), Théo Mouzard (Sixième continent), Florent Chiappero (collectif ETC) et moi-même (pour Formes Vives), soutenus par un cercle de complices appelé à grandir, nous posons les bases d’un outil dédié aux collectifs et aux personnes attachées à la transformation citoyenne de la ville ; vous pouvez rattacher ça aux mouvements de la transition, du municipalisme libertaire, du DIY, de la critique sociale, de la démocratie directe, de l’éducation populaire… Disons plutôt qu’à défaut de ligne politique déjà scellée dans une dalle de béton, nous partageons plutôt une approche de la ville en tant qu’objet social et vivant, nous sommes riches de désirs, de savoirs et de savoirs-faire, et nous pensons que c’est par les échanges continus et généreux (qu’on trouve notamment à l’intérieur de collectifs ou entre collectifs) qu’on avance tous. (Lire à ce propos notre «À propos»!)

La première action d’Hyperville est la mise en place d’une plateforme web, un portail où chaque participant-e peut partager articles, lectures, documentaires… Dans l’idée de mettre en commun des idées et des expériences (dans notre réseau direct mais aussi plus largement), de façonner un socle de références, un imaginaire commun. Et nous ne nous satisfaisons pas d’un simple twitter ou facebook, outils forts de leurs réseaux d’utilisateurs mais tellement pauvres dans leurs possibilités (rien que d’un point de vue rédactionnel et graphique…) et complètement pourris dans leurs logiques économiques. (Pour les personnes utilisant quand même ces canaux, les posts d’Hyperville sont repris sur un facebook et un twitter.) L’équipe du site s’agrandira petit à petit par cooptation (vous êtes motivé-e-s? contactez-nous, on vous rappelle!)



Hyperville a d’autres plans dans ses tiroirs, et notamment un ambitieux et joyeux événement-atelier-journal, une sorte de séminaire pour se rencontrer, se ressourcer, (re)découvrir un territoire urbain et de belles choses qui s’y développent, et en simultané fabriquer un journal pour prolonger l’expérience! Il y a encore beaucoup de travail pour mettre un tel machin en place, mais à coup de réunions hebdomadaires nous avons bon espoir de faire voir le jour à cette folie collective.
Hyperville est aussi à voir comme un réseau de motivé-e-s un peu formalisé (mais très ouvert), doté d’outils pratiques et pragmatiques, prêt à soutenir des initiatives et encourager chacun dans la bonne poursuite de ses travaux!
hyperville.fr

Étranges moments



Les Graphistes Associés, un tract auto-produit et diffusé soit par eux-mêmes soit par ceux qui passaient en récupérer à leur atelier, 1997.

Il n'est jamais trop tard pour faire de la pédagogie. Dans cette période triste à pleurer, minée par la frustration et le trouble, je ne lis que l’échec de l’esprit critique, de la connaissance, face aux plus bas instincts que ne cessent de flatter médias de masse, politichiens et crétins divers, à coups de manipulations sordides, de bourrage de crâne garni d’abrutissants «divertissements». Où est l'école? Où sont les résistances collectives? Où est l’éducation populaire politique?
Les petits guides de la Cimade sont par exemple de très bons supports, à retrouver ici.
Le Petit cours d'autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon devrait être aussi dans toutes les maisons, dans toutes les salles de classe.



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«Vos guerres, nos morts»



Ci-dessous, nous relayons les quatre articles relayés par Rezo, en réaction aux attentats de vendredi et qui donnent une autre voix, d’autres pistes de réflexion sur ce qui nous agite intimement et collectivement ces jours-ci. Nous envoyons une pensée à tous nos proches à Paris.

«Il n’est pas trop tard. Il est encore temps de passer à autre chose. Radicalement.
En refusant l’injonction “avec nous, ou avec les terroristes”.
En refusant les appels à l’unité avec les bourreaux et les fauteurs de guerres qui construisent chaque jour un monde plus barbare.
En refusant leur monde fondé sur l’exploitation, le vol, la violence, l’injustice, les inégalités, la mise en concurrence de ceux qui devraient s’unir.
Se battre pour un autre monde, qui est non seulement possible, mais plus que jamais nécessaire.
Garder le cap et ne rien concéder sous la pression de l’émotion ou de la sidération.
Tu pourras me taxer d’angélisme si tu veux. Mais mon angélisme n’a jamais tué personne. Contrairement à ton “pragmatisme”.
Il est plus que jamais temps de “résister à l’irrésistible”. Sinon on va tous y passer.
Alors, non, Cambadélis. Non, Sarkozy. Non, Hollande. “Nous” ne sommes pas en guerre.
Ce n’est pas ma guerre, ce n’est pas notre guerre. C’est votre guerre.»

→ «Vos guerres, nos morts» de Julien Salingue.

«Les décideurs politiques occidentaux sont comme des petits garçons qui jouent avec leurs petits jouets. Ils ne voient pas la souffrance humaine et les résultats de leurs terribles politiques.»
→ «Nous vivons des temps impitoyables» de Vijay Prashad.

«Protégés par nos frontières, notre confort et nos cafés parisiens, nous n’avons pas souvent l’occasion d’être confrontés à la violence ressentie par les populations de pays soumis à guerres ou des régimes dictatoriaux soutenus, encouragés ou financés par les puissances occidentales.»
→ «Dépasser Charlie» d’André Gunthert.

«Des organismes comme le Programme des Nations unies pour le développement expliquent depuis quelques décennies que les carences gigantesques en termes de développement humain et la polarisation persistante des ressources sont les bases mêmes de l’insécurité.»
→ «Se sortir de la guerre» de Roger Martelli.