Le collectif Berlin



Bart Baele, Yves Degryse et Caroline Rochlitz forment le collectif flamand Berlin (www.berlinberlin.be). Dans le cadre de leur projet «Holocene» ils réalisent des documentaires avec une finesse très percutante. Chaque film traite d'un endroit du monde, une ville ou une région. Ils prennent tout le temps d'écouter ses habitants et «montent» les paroles et images recueillies de sorte à rendre au mieux la complexité des situations. Ces morceaux de réalités sont au premier abord lointains ; seulement on ne peut rester longtemps de glace devant les tensions témoignées.

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La dialectique peut-elle casser des briques?

Un titre quelque peu étrange pour un film d'arts martiaux.

«Le premier film entièrement détourné de l'histoire du cinéma» est l'œuvre d'un situationniste, René Vienet, et il date de 1973. Le film original est un banal divertissement chinois «dans lequel des pratiquants de taekwondo coréens s'opposent à des oppresseurs japonais», selon Wikipédia.
Mais cela vous n'êtes pas sensés le savoir, car le film une fois détourné est une fresque révolutionnaire où d'ardents prolétaires affrontent courageusement les bureaucrates, maniant la dialectique et la subjectivité radicale avec une efficacité que leurs oppresseurs vont avoir du mal à contrer bien longtemps...
Pour ma part j'ai trouvé ça très drôle et ne peux que le recommander, mais vous connaissez ma subjectivité ;-)

Le film peut se voir sur UBU, sur Dailymotion (en plusieurs parties), mais le mieux c'est encore de le télécharger sur ce site à trésors : Acte-gratuit.net.
Le film est à prendre là
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«Et maintenant voilà comment pépé qui roule n'amasse pas mousse mais se farcit du bureaucrate à coup de boule.»

Cyriak's Animation mix

Une longue vidéo de 5 minutes de l'animateur, dessinateur et compositeur de musique 8 bit, Cyriak. Il est anglais.
http://www.cyriak.co.uk/
(Piqué sur Écrans.fr)









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Blu

«Fantoche»



En passant au hasard sur Quoifairederien, le wiki consacré au graphisme monté par Nicolas Morand, une belle surprise m'attendait ; un film animé de Blu, une espèce de peintre de rue. Son dada c'est de dessiner des personnages viscéraux et psychotiques, que ce soit dans des tailles monumentales, à moins qu'il les torture dans ses carnets où encore qu'il leur donne une vie en stop motion, dans des lieux abandonnés.
Troublant garçon.

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Les groupes Medvekine

Les groupes Medvedkine c'est l'histoire hors du commun et jamais renouvelée d'ouvriers rencontrant des auteurs de cinéma (réalisateurs et techniciens). Leur rencontre donne lieu à un travail et la réalisation de plusieurs films.

Nous sommes en 1967 quand cela commence, les ouvriers de la Rhodiaceta à Besançon, branche textile Rhône-Poulenc, sont en grève. Une longue grève. Une occupation d'usine, ce qui ne s'était plus vu depuis 1936. Non loin des syndicats, le CCPPO (Centre culturel populaire de Palente-les-Orchamps, un nouveau quartier ouvrier de Besançon) créé et emmené par le volontaire Pol Cèbe, René Marhoud, sa femme et d'autres personnes qui voient en l'accès à la culture un vrai projet d'éducation populaire.

«La culture c'est comme la pêche à la ligne, ça s'apprend.» Pol Cèbe

Bien sûr «l'information officielle» fait peu de bruit de la grande grève de la Rhodiaceta. Le CCPPO a l'idée de faire venir Chris Marker, pour qu'il voit, peut-être qu'il filme. Il viendra avec une petite équipe qui cherche alors des chemins d'engagement et les trouve à l'endroit où d'autres demandent des moyens d'émancipation.

De là né un premier film, À bientôt j'espère, projeté aux ouvriers en avril 1968. L'histoire du groupe Medvedkine de Besançon est bien lancée, le CCPPO proposera des ateliers de cinéma, d'autres films se feront, les ouvriers apprendront, les «parisiens» reviendront les aidés, mai 68 sera le noyau.

L'usine Peugeot à Sochaux connait une fin de grève de 68 tragique (2 morts, 150 blessés). Pol Cèbe relance la machine, Bruno Muel et Michel Desrois partent y faire un film et ainsi se crée le deuxième groupe Medvedkine. Le cinéma comme moyen de reconquérir la dignité humaine a rarement été aussi puissant.

Le dernier des films se déroule au Chili au moment du putsch de la CIA et de Pinochet, en septembre 1973. Témoignage brut et solidaire d'une lutte lointaine et proche, prenant toujours racine dans les souffrances de la classe prolétaire.

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«La culture est, à tous moments, l'enjeu d'une lutte. Ce qui se comprend, parce que, à travers l'idée de culture ou d'excellence humaine (l'homme cultivé, c'est, dans toutes les sociétés, l'homme accompli), ce qui est en cause et en jeu, c'est la dignité humaine. Cela signifie que, dans une société divisée en classes, les gens dépourvus sont et se sentent atteints dans leur dignité, dans leur humanité, dans leur être. Ceux qui possèdent, ou croient posséder la culture (la croyance, en ces affaires, est l'essentiel) oublient presque toujours les souffrances, toutes les humiliations qui s'accomplissent au nom de la culture. La culture est hiérarchisée et elle hiérarchise... Ce n'est pas seulement sur le terrain politique que la culture et le respect qu'elle inspire, réduisent au silence ceux qui en sont dépourvus...»

Pierre Bourdieu, Le culture pour qui et pourquoi, Le Monde, 12 oct. 1977.
Citation concluant La véridique et fabuleuse histoire d'un étrange groupuscule : le CCPPO, Michèle Berchoud, 2003.

James Nachtwey, war photographer

L'américain James Nachtwey est considéré comme un des plus grands photographes de guerre. Un documentaire de Christian Frier lui est consacré. Ainsi on passe derrière l'appareil photo et on comprend un peu ce qui domine ces photographes qui parcourent notre monde à travers ses conflits, ses tragédies.





Le travail en solitaire, la dureté de leurs sujets mais aussi la concurrence (le presse étant de moins en moins attachée au photo-reportage) font des photographes de guerre des personnages hors du temps, suspendus à des filets de vie. Mais il ne faut pas les voir comme des aventuriers, des fous dansant sur des champs de ruines, car ni l'adrénaline ni le succès ne les aveuglent. Leurs regards restent ceux d'artistes, distants et réalistes, pour qui témoigner, nous faire entrouvrir les yeux, est l'accomplissement crucial.

James Nachtwey donne à voir quelques unes de ses plus célèbres photographies sur son site.

En complément vous pouvez vous reporter au documentaire Rapporteurs de guerre de Patrick Chauvel et Antoine Novat qui s'interroge, mieux que le documentaire sur Nachtwey (quelque peu fétichiste), sur «le droit de photographier la souffrance des autres».

The Normality Issue

Le film écrit et réalisé par Jean Jullien est achevé!
Cinq extraits sont à visionner sur son site.


Le synopsis que fait Jean de son film a, par sa taille, valeur de mystère : le film de 50 minutes «raconte l'histoire d'un garçon qui se réveille un matin avec un bras en papier». L'appétit ne vient pas en mangeant mais en regardant et nous voilà spectateurs de ce qui s'annonce être une belle friandise.

On entre via ce premier film dans l'univers visuel de Jean qui avec la vidéo se met à bouger, doucement, presque timidement, passe du plan plat des images graphiques à l'espace, au volume, au temps et au son, le tout si bien «ré-aplati» en images pour en faire son cinéma.

Le générique c'est un peu la première étape, la première transformation que fait subir Jean à son travail, dans une fausse naïveté qu'on lui connaît. On vient se décoller, tourner, ramper autour de modestes papiers. Immédiatement avec les images c'est la musique qui arrive ; elle sera d'une façon abstraite le narrateur pétaradant de tout le film.
Arrive-t-on à un film musical, un clip? Non sans doute pas, mais la musique, très volontaire, rend le plaisir du spectateur tout à fait dépendant. Du contraste entre ces compositions électroniques rythmées et la caméra attendrie de Jean né une mécanique toute fruitée. C'est un peu le même contraste que l'on peut voir au sein même des images entre les éléments simples et colorés qui s'emparent du premier plan et de l'action tandis que l'environnement londonien, le décor, reste flegme, lugubre. Nous voilà immergé dans l'œil de Jean sur son monde, dans sa poésie sympathiquement dégingandée.

Le film revendique sa légèreté. On peut dès lors se bousculer pour y trouver des significations complexes, y recomposer l'Illiade et l'Odyssée, espérer y trouver des énigmes, mais on aura beau tout retourner que ce film restera un petit espace de plaisir. Sans doute que Jean a construit son histoire en métaphores. Sans doute la confusion a régné bien des fois. Mais émerge de ces longs mois de travail une simplicité non fallacieuse que l'on aimerait idéalement trouver dans le cinéma populaire.

Dans le cinquième et dernier extrait on peut voir une course poursuite, caricature d'elle-même, qui aboutit nécessairement pour une coupure au «bon moment», au moment où on ne sait rien mais où savoir n'a jamais été autant nécessaire.
Ainsi on reste sur notre faim. Une projection sera prochainement donnée à Londres, quant à Paris on attend impatient la visite de Jean!

La musique est signée de Niwouinwouin, il y a des photos «making-of» à trouver sur le site de Jean Jullien et pour le reste vous pouvez toujours contacter Jean.

La danse macabre

En guise de film de noël, un court-métrage animé de Walt Disney, réalisé par Ub Iwerks en 1929 : The skeleton dance.
C'est le premier de la série des Silly Symphonies! Cette longue série de dessins animés a servi de laboratoire à l'équipe Disney. C'est simple, inventif, maladroit (à nos yeux édulcorés) et puis c'est drôle. L'attention portée au jeu entre animation et musique est particulièrement remarquable.



Animateurs :
Ub Iwerks, Les Clark, Roy Oliver Disney, Walt Disney, Wilfred Jackson.

Un entretien avec Jean-Luc Godard

(Une information empruntée à Etienne Mineur.)

Jean-Luc Godard a été honoré cette année d'un prix le récompensant pour l’ensemble de sa carrière dans le cadre de la 20ème édition des European Film Award, à Berlin. Ce prix il le refuse en n'allant pas le chercher.
Il s'explique là-dessus mais surtout ce long entretien est l'occasion pour lui d'aborder une somme de sujets.

Dans le second extrait, il parle de la dispute et de l'importance, l'affection qu'il lui attribue.
«L'avantage de l'art c'est de faire des disputes violentes, de ne pas chercher le compromis. Les artistes n'ont pas besoin de compromis. Par contre dans la vie pratique entre les états, les militaires ou les civils, il faut un compromis. Par contre l'art est intéressant parce qu'il ne demande pas le compromis. Il est irréel dans ce sens. Il a une autre réalité.»

Un entretien réalisé par Arte.tv, par ici.

Jean Honoré Fragonard, Le verrou, vers 1777.

Jean-Luc Godard, l'insurgé

Un cinéaste à nul autre pareil
par Guy Scarpetta.

«Au moment où l’un des principaux chefs-d’œuvre de Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma, sort enfin en DVD en France, retour sur l’un des plus grands créateurs de notre temps, qui est bien autre chose que l’enfant terrible de la Nouvelle Vague et l’auteur de trois films qui ont ébranlé le cinéma. Godard est un cinéaste pour qui l’art est aussi un combat, une permanente insurrection. Il a bouleversé le langage filmique au point que, désormais, l’histoire du septième art se divise en un avant et un après-Godard.»

L'article complet est à lire sur le site du Monde Diplomatique.

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Denys Piningre, L'assiette sale

affiche de Jérémy Piningre et Caca Blatroux

Le cinéma militant a récemment vu l'arrivée de deux films autrichiens traitant de l'alimentation, Notre pain quotidien de Nikolaus Geyrhalter et We feed the world d'Erwin Wagenhofer. L'assiette sale complète avec vigueur cet important sujet en nous parlant de ce qui se passe ici même, en France.

Ce documentaire nous fait tout d'abord le tableau de l'agriculture intensive dans la plaine de la Crau (Bouches-du-Rhône) où on trouve des milliers de travailleurs saisonniers, venant pour beaucoup du Maroc, et littéralement esclavagés. De ces conditions de vie épouvantables, Denys Piningre remonte la filière et met ainsi en lumière le revers de nos cadis. Il ne s'arrête pas au misérabilisme et documente également les alternatives existantes : il fait ainsi de ce film un ambitieux plaidoyer. Une présentation plus complète est à lire ici.

Ce film n'a pas encore trouvé de distributeur pour le cinéma. Il est actuellement en tournée dans différents festivals et avant-premières. Les prochaines dates ici.

Pour les parisiens :
mardi 18 septembre à 20h00, à l’ADAC, 11 place nationale - 75013 Paris (M° Nationale), à l’initiative de Consom’Solidaire, renseignements : 06 21 38 27 94.
mercredi 19 septembre à 20h30 au cinéma «La Clé», rue de la Clé, à Paris (Vème) métro Censier Daubenton, en inauguration de la la saison 2007/2008 des «rendez-vous du documentaire engagé» proposés par Voir et Agir et Politis.

Venez nombreux! (Attention le mercredi 19 ça risque d'être complet, il faut venir un peu en avance.)

Jérémy Boulard Le Fur, Permettez

animation réalisée en banc-titre, musique de Gangpol & Mit.

Dans la longue liste des copains partis cette année à l'étranger, il y a le Grand Jérémy qui opère du côté de Los Angeles à CalArts. Ses signes de vie et ses drôles de travaux sont à voir sur son blog.